DL1 : Les dragons du désespoir

Scène 1 : Les retrouvailles

Arrivée à l'auberge du dernier refuge, Flint, Tanis et Tasslehoff, ouvrent la porte et pénètrent dans l'établissement où une foule nombreuse, constituée principalement par les habitants du village, venus en famille, discutent entre eux devant un bon repas , en écoutant un barde jouer une mélodie à la harpe.

Les discussions cessent à votre entrée et les dizaines de visages vous regardent, avec un air suspicieux.

Tass, que rien ne peut démoraliser, repère, en se fofilant entre les tables, une grande tablée vide, installé à proximité de la cheminée, où sont assis un grand guerrier brun à la carrure d'athlète et un homme plus chetif, engoncé dans une grande robe rouge rubis, dont le visage est caché par sa capuche. A ses côtés, posé contre le mur d'écorce, se trouve un grand bâton terminé par une griffe de bronze enserrant une pierre translucide aux milles facettes.

Au côté des deux homme se tient une jeune serveuse rousse aux cheveux bouclés.

Lorsque nous entrons et que je vois tous ces visages fermés se tourner vers nous, ma propre mine s'assombrit et je sers l'épaule sur laquelle je m'appuies.

Mais en faisant le tour des personnes présentes, je m'éclaire soudainement et agite spontanément la main avant de me diriger vers la table où se tiennent deux humains et la serveuse rousse:

-Caramon, Raistlin! Mes enfants, vous allez bien?

Je m'approche en claudiquant, et une fois plus proche, je salue également la magnifique jeune femme:

-Tika, comme tu es devenue belle! Ah, quel soulagement que de vous trouver ici sains et saufs!

Etant un peu dérangé par tous ses regards portés sur nous, je fais semblant de rien et me dirige vers mes amis avec un grand sourire même si je trouve curieux que Kitiara ne soit pas là.

- Bonjour mes amis, content de vous voir!

J’ai un sourire mi- amusé mi- cynique, que seul Caramon peut entrapercevoir, devant la différence de comportement de Tika entre lui et moi.

Quand Flint, Tass et Tanis rentrent je reste immobile, toujours tourné face au feu, le plus proche possible de ce dernier.  La capuche de ma robe empêchant quiconque de voir mon visage ou mes yeux.
De toute façon me faire entendre à cette distance ou dans ce brouhaha est un effort que je ne peux ou ne veux pas fournir.
Je me rend aussi compte, même si je l'avouerais jamais a personne, que je veux retarder le plus possible le moment où je devrais voir mes amis de mes « nouveaux » yeux…

Puis soudain la porte s’ouvre. J’écarquille des yeux en voyant entrer mes amis d’enfance. Je me lève et les accueille avec le sourire :

- Flint, viens-là dans les bras !

Je le serre et le soulève de terre sachant qu’il apprécie particulièrement ce genre de démonstration affectueuse :

- Mon nain ronchon préféré ! Comment vas-tu mon ami ? Ça me fait plaisir de te revoir. En cinq ans, tu n’as pas changé ! Toujours aussi vieux.

Je lui souris de toutes mes dents. Puis je me tourne vers le demi-elfe :

- Tanis ! Quelle joie !

Je l’enserre également mais avec moins d’emphase que le nain.

- Cette barbe te va à ravir. Si tu n’étais pas avec un nain râleur et un kender klepto, je ne t’aurais pas reconnu.

Je continue de sourire et attrape le kender par l’épaule :

- Tas ! Toi aussi, ça me fait plaisir de te revoir. Je te préviens tout de suite, je n’ai rien dans les poches.

Je continue de sourire, émus et content de retrouver mes amis après cinq longues années d’absence.

- Allez-y, installez-vous.

Je me tourne vers Tika :

- Tu peux amener à boire et à manger pour tous.

C’est seulement après un moment que je me rends compte de leur état de décrépitude :

- Vous avez l’air mal en point les amis. Que vous est-il arrivé ?

En entrant dans l'auberge, je ne fais pas très attention à l'ambiance, j'ai l'habitude d'être regardé avec suspicion après tout !
Venez les amis ! J'ai repéré des visages familiers !

Cela dit, la réflexion de Caramon lorsqu'on arrive à leur table m'ôte le sourire et, l'air vexé, je demande :
Pour qui me prends tu ?
Ajoutant :
t'as intérêt à m'inviter pour te faire pardonner !

Et pour répondre aux interrogations de mon amis vexant sur nos blessures, je me contente d'un énigmatique :
on s'est fait agresser par une centaine de faces de tritons à la peau de caca d'oie adorateurs de bâtons fragiles...

L'étreinte du géant m'étouffe à demi et presse sur mes blessures ce qui me fait grogner et froncer des sourcils:

-Repose-moi grand dadais ou tu devras en répondre!

Une fois relâché, je m'affale d'autorité sur une chaise proche en poussant un soupir:

-Eh bien, Raistlin, tu ne nous fais pas fête, toi aussi? Je vois à la teinte de ta robe que tu as brillamment réussi ton épreuve! Félicitation, donc.

Toujours face au feu et dos a vous, vous entendez a peine ma voix sifflante, même en tendant l'oreille.
- Je pense qu'être présent est une "célébration" suffisante.
Quand a savoir ce qui vous est arrivé, je suis certain que la propension à la discussion à tord et à travers de chacun suffira.

Je suis content de revoir les frères Majere mais l'absence de Kitiara m'inquiete et je ne peux pas m'empecher de demander à Caramon :
- Kitiara n'est pas avec vous?

Tika, la jeune serveuse acceuille les nouveaux venus à la table.

Soyez les bienvenus, Maitre Flint, Tanis et Tasslehoff. Installez vous à table, je vous apporte de quoi manger.

Alors qu'elle s'apprête à partir vers la cuisine, lorsque tanis questionne les frères Majère à propos de leur demi-soeur, Tika se retourne et , sortant un parchemin roulé de sa poche, elle le tend au demi elfe.

Un homme étrange s'est présenté vers midi, porteur d'un message de Dame Kitiara. Il t'es adressé Tanis.

Mon sourire s'étiole rapidement lorsque Raistlin nous répond:

-Au moins c'est un soulagement de constater que tout n'a pas changé...

Je salue d'un hochement de tête l'offre de Tika: sa beauté et la chaleur de son accueil sont réconfortant!

Je reste un peu interloqué par les propos de Raistlin.
Je me tourne vers Tika.
- Un homme étrange, tu peux me le décrire?

Je lui prend le message et l'ouvre.

TANIS a écrit:Je suis content de revoir les frères Majere mais l'absence de Kitiara m'inquiete et je ne peux pas m'empecher de demander à Caramon :
- Kitiara n'est pas avec vous?

- Non je ne l'ai pas vue. Je pensais qu'elle allait être avec vous. Mais je suis sûr qu'elle ne devrait pas tarder.

Puis, curieux, je m'approche de Tanis lorsque Tika mentionne la lettre et l'homme étrange. Je regarde par dessus son épaule afin de lire ce qui est écrit sur le parchemin.

la réflexion de Raistlin me coupe un instant ma joie de retrouver mes amis. je me suis senti visé par la "propension à la discussion à tord et à travers" et cela me vexe mais pour une fois, je ne dis rien.

Au contraire, je me détourne rapidement de cette pensée pour m'intéresser au message délivré par Tika intrigué par :
un homme de confiance ? hum...

je m'approche de Tanis et cherchant à lire le message en même temps que lui, je lui demande, à nouveau joyeux :
Je peux être homme de confiance moi aussi ?

lançant un regard provocateur à Raistlin j'ajoute :
Parce que peut être que quand certains croient que je parles juste à "tord et à travers", je m'active à induire les autres dans l'erreur !
J'ai l'air très fier de cette dernière réflexion !

Alors que Tass se glorifie de sa propre fièreté, dans l'indifférence absolue de la capuche rouge, il voit passer une petite fille, à quatre pattes , qui se glisse sous la table voisine.

L'instant suivant, un garçonnet d'une dizaine d'années lui tape sur l"épaule en déclarant : " Trouvé ! C'est toi le gobelin !"

Puis constatant que tu n'es pas l'un de ses amis il s'excuse. "Ho, désolé, je croyait avoir reconnu un ami".

C'est alors que la petite fille, sortant de sous la table te tire la manche.

" Le vieux monsieur va racompter une histoire, tu viens l'écouter avec nous ?"

Cette histoire me semble des plus étrange.
- Caramon, tu peux me dire si tu as eu des nouvelles d'elle.
Quelle été sa mission?

Je lis la missive tout en écoutant la réponse de Caramon.

l'indifférence que suscite ma réaction "défensive" face aux propos que j'ai trouvé vexant de Raistlin m'incite à accepter l'invitation de la petite fille lui répondant sur un ton discret :
j'arrive

C'est ostensiblement que je la suis en prenant un air hautain (autant que je le peux) et déclarant à l'attention de mes amis :
Une affaire de la plus haute importance m'oblige à vous laisser !

Des que j'ai entendu parler de cette "lettre", tout le reste devient insignifiant et je me contente d'attendre que Tanis nous lise cette lettre de Kit.

A la question de Tanis, je me gratte la tête :

- Euh ben... euh... je ne sais pas. Comme nous, elle est allée enquêter sur la disparition des Anciens Dieux et l'arrivée des nouveaux. Sinon j'en sais pas plus... enfin je crois...

Mon regard se pose sur un villageois et une illumination se lit dans mes yeux :

- Mais sinon faut demander à Sturm quand il arrivera ! Kitiara comptait retrouver la famille de son père, quelque part en Solamnie, elle a pris le bateau. Et je crois qu'ils sont partis ensemble non ? Moi, je n'ai pas de nouvelles d'elle depuis cinq ans.

Puis lorsque le kender se sauve pour aller écouter l'histoire, je lui réponds :

- Ouais tu nous raconteras !

J'aurais aimé aller l'écouter également mais je préfère attendre d'avoir des nouvelles de ma demie-soeur.

- Alors, elle dit quoi cette lettre ?

Je passe la tête au dessus de l'épaule du demi-elfe, espérant qu'il me laissera lire en même temps que lui.

Les deux enfants mènent le kender vers un groupe de gosses assemblés autour d'un vieil homme à la longue barbe blanche, vêtu d'une longue robe verte rapiécée.

" Une histoire ! Une histoire !" demande les enfants.

Oui, oui, une histoire. Gromèle le vieux conteur. Qu'est ce qui vous plairais ?

Une histoire de princesse. Déclare une petite fille.

Oh, non, les histoire de princesse , c'est nul ! Déclare un garçon. Racontes nous une histoire avec des dragons !

Et des chevaliers ! lance un autre.

Les  dragons c'est nul, répond la petite fille. ça existe même pas.

Et si je vous racontai une histoire du cantique des dragons ? Propose le vieillard.

C'est l'histoire qui parle d'un chevalier de Solamnie ? Demande un gamin.

Elle raconte les explois du grand Huma, le banisseur des dragons. Répond le conteur.

Mon père, il dit que les chevaliers sont des traitres. Ils ont fuient la Solamnie après le cataclysme, alors que les gens mourraient de faim.

Le cataclysme fut une sombre époque. Répond le vieil homme. Les hommes se sont éloignés des Dieux , leur reprochant leurs propres malheurs. Ils les accusèrent de les avoir abandonnés alors que les Dieux étaient là, à attendre que les peuples se repentent de leurs erreurs.

Et ton histoire ? Réclame l'enfant.

oui, l'histoire. ... Il était une fois , un chevalier de Solamnie nommé  Huma. Alors que ses armées affrontaient les terribles forces des armées dragons de la Reine des ténèbre, Huma se retrouva perdu dans une profonde forêt, très loin de son pays.

Plutôt que de cèder à la peur, le chevalier s'agenouillat et pria le grand Dieu Paladine de lui montrer le chemin.

C'est alors qu'un grand cerf blanc apparu devant Huma.

Le chevalier l'a manger ? Questionna le gamin.

Huma mourrait de faim, mais le cerf blanc s'enfuyait à chaque fois qu'Huma s'approchait de lui. Mais au lieu de disparaitre dans les fourrés, le cerf blanc s'arrêtait pour attendre le chavalier.

Huma poursuivit le cerf blanc pendant des jours et des jours, jusqu'à ce que celui-ci le ramenât chez lui , en Solamnie.

Alors Huma comprit que le cerf lui avait été envoyé par les Dieux et il remercia Paladine pour ce bienfait.


Blasphème ! Hurla un gros homme vêtu d'une robe pourpre, marqué d'un triangle et d'un point d'intérogation.

Faites taire ce vieux fou ! Il corrompt notre jeunesse avec ces histoires de païens !

C'est sur ces entrefaits que la porte de l'auberge s'ouvrit pour laisser entrer un homme tout vêtu de fer, avec un casque cornu. Derrière lui entrèrent un couple de barbare des steppes. Une femme, petite, emmitoufflée dans ses fourrures, portant un long bâton de bois sculpté. Derrière elle apparu un géant,  à la peau burrinée par le Soleil et aux longs cheveux noir retenu par un bandeau où sont fixés des plumes d'oiseaux.

(Sturm, Lunedor et Vent de la Rivière, c'est à vous)

Une fois entré, je prends quelques seconde pour sentir l'atmosphère des lieux. Cherchant également la présence de mes anciens compagnons. Si je les repère, je fends directement la foule vers eux.

Je suis fort aise de vous retrouver les amis. Permettez moi de vous présenter Lunedor et Vent de la rivière. Des voyageur que j'ai eu la chance de pouvoir aider.

Aussitôt entrée je m’arrête et parcours la pièce du regard, découvrant cette atmosphère, cette ambiance que je n’ai encore jamais connue.
Puis je suis Sturm, m’assurant que vent de la rivière me suive.

Profitant que l'attention se porte vers l'entrée, je me déplace pour pouvoir voir le groupe, tout en restant dans le coin de la cheminée, le haut du corps dans l'ombre, le bâton juste a coté de moi.

J'observe avec attention ces 2 nouveaux venus, ayant déjà lu des ouvrages sur les gens des plaines mais n'en ayant jamais vu de mes yeux.