Dernier affront

J'écarte un rideau pour entrer, je m'adosse au mur en fixant l'Intendant du regard.
Je tiens une dague en main.
- Alors... Où en sommes nous ?

Je regarde Tal'hya et répète mes intentions :

-"Je l'ai déjà dit, je suis partisan d'aller à Altdorf pour tout exposer aux autorités suprêmes. Mais je m'inclinerai face à la parole des autres, et principalement à tes souhaits, Bianka. Encore une fois, tu peux prendre le temps de réfléchir. Nous ne te pressons nullement."

Bianka a du mal à cesser de pleurer.

L’intendant se lève et s’approche d’elle pour lui parler
Bianka, il est tard, tu as appris beaucoup de choses qui pourraient perturber le plus courageux des adultes. J’ai souhaité presser les choses et je tiens à te présenter mes excuses.

Si tu le souhaites, et si tes compagnons sont d’accord, je m’arrangerais avec cet établissement pour qu’il puisse vous offrir une chambre ou deux.
Mais je veux avoir un moment avec toi Bianka, seul. J’ai des choses à te dire.

Il se redresse pour vous regarder
Si vous n’y voyez pas d’inconvénient non plus.

Je regarde Bianka, calme, réfléchissant aux différentes options...

Mais avant que je puisse dire quelque chose, Tal'hya nous rejoint, Renaud réaffirme sa volonté de défendre ses droits, et l'intendant demande à lui parler seul, mon compagnon Zed émet une... réticence... confirmant ainsi ma pensée...

Je regarde l'homme...
- Ha ? Donc vous n'avez pas confiance en nous ? lui dis-je, Par Taal, c'est intéressant...

- Laissons Bianka décider si elle accepte de vous écouter pour que vous puissiez lui dire ces... choses que vous ne voulez pas que nos oreilles entendent...

Je me tourne vers Bianka et je m'accroupis pour être à sa hauteur...
- Bianka, j'ai fait une proposition, t'emmener dans ma famille, tu n'y seras pas comme princesse, mes parents ne sont pas riches... mais ils ne sont pas pauvres non plus, tu y serais bien, ma mère sera ravie de s'occuper de toi... Tu ne seras pas un fardeau, je te le promets ! dis-je en lui serrant la main, C'est à toi de décider.

Je lui souris et me redresse, regardant l'intendant...
- Hé bien Messire l'Intendant... Si vous avez des choses à lui dire, faites donc ! Et si je ne peux entendre ces choses, mettez-vous à l'autre bout de la pièce et chuchotez... parce que je ne la laissera pas hors de ma vue... dis-je sur un ton ferme, décidé, mais calme.

Je hausse un sourcil, et laisse un soupir s'échapper.
- Merci de vos réponses sur la situation... pas très claire, n'est ce pas ? On s'en va tous, avec Bianka.
J'insiste sur le *avec Bianka*

Un silence s’installe.
Bianka pose délicatement ses jouets sur la table, elle se lève et se met debout sur sa chaise. Elle regarde Waesym quelques secondes puis fixe l’intendant.

Elle se met à parler d’une voix claire et assurée
Je vous remercie, intendant, pour votre généreuse proposition ainsi que pour m’avoir dévoilé mon passé.
Mais mes amis ne semblent pas vous faire confiance, pas tous. De plus j’ai vécu en quelques jours plus d’aventures que j’en ai vécu depuis ma naissance.

Je ne veux pas être enfermée, avoir tout le confort, des serviteurs, des cuisinières. Je ne veux pas devoir me cacher toute ma vie car mon identité risque de provoquer ma mort.

Je veux vivre, risquer l’aventure. Elle se tourne vers Waesym, continuer mes cours d’Eltharin.

Elle continue à fixer Waesym. Pour les mêmes raisons je ne veux pas être emmenée chez les elfes.

Elle embrasse du regard votre groupe avant de continuer
Je veux vivre des aventures, je veux voyager, dormir dehors, chasser, me battre. Je veux faire partie de votre groupe et vous suivre là où vous irez.

Elle baisse la tête
Mais voulez-vous de moi ?


L’intendant, tout d’abord surpris, sourit à tel point qu’il semble rajeunir.
Tu es bien la digne fille de ton père.

Je ne sais pas ce que ce groupe décidera, mais pour ma part je ne m’opposerai pas à ta décision. Je suis même prêt à t’équiper pour l’aventure.

Mais saches que si un jour tu changes d’avis, si tu te lasses, tu seras toujours la bienvenue chez moi, une chambre sera prête en permanence pour t’accueillir.

L’intendant vous regarde sans perdre son sourire, Bianka garde la tête baissée en attendant vos réactions.

Je murmure, tête baissée également, peut-être moi-même pas sûr de ce que j'en pense.

Ce n'est pas bien prudent. Bianka, tu es fort jeune encore pour cette vie aventureuse et peu certaine de son lendemain.

Et puis je réfléchis en silence, je me dis que je ne suis pas Bianka, je ne suis pas comme elle. J'ai choisi sur le tard de quitter mon maître pour découvrir le monde, enfin il m'y a fortement incité.
Là, la pauvre fillette a subi, comme elle le dit justement, tant d'épreuves pour son jeune âge en peu de jours. Et je comprends qu'elle ne pourra plus vivre comme elle le faisait avant ou même comme l'intendant lui propose.
Finalement, je redresse la tête sous ma capuche basse sur mon visage pour observer cet homme qui n'a pas gagné ma confiance et pourtant tient des propos favorables à Bianka, puis je la regarde elle dans sa jeunesse déterminée et pourtant fragile.

Je fais quelques pas pour revenir à sa hauteur. Et je me penche vers elle pour planter mes yeux dans les siens, en soulevant son menton doucement s'il le faut.
Je souris et je lui dis sur un ton hésitant entre le paternel et le fraternel.

Tu es consciente que ce ne sera pas facile tous les jours ? Que la nature peut être sauvage et dangereuse ? Que nous rencontrerons des ennemis qui en voudront à nos possessions, nos provisions ou nos vies ? Oui je le crois. Et je suis fier de t'accepter dans notre compagnie puisque c'est là ton choix.

Et je recule en souriant toujours pour elle, laissant la place aux autres s'exprimer.

Je regarde Bianka et monter sur sa chaise et je l'écoute, un sourire apparaissant sur mon visage alors qu'elle donne son avis...

Je tourne légèrement la tête vers Zed pour l'écouter quand il lui répond, avant de la regarder de nouveau.
- Evidemment que je suis d'accord ! dis-je en souriant

Je décroche de ma ceinture ma dague ordinaire mais de facture naine et la remet à l'enfant:

-Si tu dois nous accompagner, tu auras besoin de ceci. Cet outil est le meilleur compagnon de qui sillonne les routes. C'est une promesse aussi: je t'enseignerai tout ce que je pourrai sur la culture naine et son peuple!

Mes mots pour la fille sont brefs mais il est notable que c'est avec le cœur que je parle :

-"Bianka, pour les femmes la vie d'aventure est souvent la seule à offrir la liberté."