[Chapitre 1]Murmures de Fimbulvetr

Le vent glacé vous fouette encore tandis que votre meute, en présence de Dagrun et Holger, doit se décider sur la suite des événements. Yelena est dans un état catatonique, dans le 4x4 bloqué par la neige. Un cadavre est toujours au sol non loin, le sang autour de lui déjà presque recouvert par le manteau neigeux. Sans aucun doute, au cœur de la tempête, la plupart des humains se presseraient de retrouver au plus vite le confort d'une chaleur, d'où qu'elle vienne. Mais vos corps bénis par Gaïa, entraînés par la rigueur impitoyable de votre tribu, ne sont pas mis à l'épreuve : le froid n'est qu'une information.

"Elle doit mourir, comme tout ceux qui ont touché les pièces. Vous aurez des choix à faire", a dit Dagrun. Et à présent, même avec la Parente à proximité, son avis ne semble pas avoir changé. Ou si elle pense autrement, son expression rude et son regard sans pitié ne le montre pas. Ici, Holger semble avoir un avis différent, qu'il exprime en hurlant presque pour se faire entendre, plissant les yeux comme vous pour se protéger de la neige balancée avec force par la tempête :

"Rhya..." dit-il en direction de Dagrun..."Je vois bien pourquoi tu dis ça. Mais c'est une Parente, et son compagnon est alpha de la meute qui est venue la chercher. Est-ce qu'on ne pourrait pas vérifier qu'il n'y a rien à faire pour la sauver avant de la tuer ?"

Le rotagar lève les mains en guise de reddition, peu de temps avant que la théurge réponde, sans infléchir visiblement sa position.

"Peu importe de qui elle est la Parente. Peu importe Korochenko. Si la corruption est forte et attire à ce point les flaïels, nous devrons prendre les mesures qui s'imposent, avant qu'il ne soit trop tard ! Elle a été possédée. Même son possesseur terrassée, nul ne peut savoir quelle graine il a laissé dans son esprit, ni comment elle germera."

Le rotagar incline alors la tête, manifestement décidé à en finir là, avant de finalement ajouter :

"D'accord Rhya. Veux-tu que j'aille prévenir notre alpha pour qu'elle valide ?"

La théurge plisse un peu plus les yeux sans répondre, accentuant une certaine forme de pression sur son interlocuteur. Elle n'a pas le temps de répondre qu'une forme noire, probablement un oiseau assez large, commence à prendre forme dans la tempête. Son vol n'est pas droit, et semble faire de réels efforts pour maintenir une trajectoire ferme dans les vents forts. Quelque chose en vous s'agite rapidement. Vous savez que votre sœur de meute Skade s'est liée d'amitié avec une Corax. Vous savez également qu'une mission lui a été confiée, qu'elle devait accomplir seule en compagnie de cette Fera que vous n'avez jamais vu encore.

Sa présence vous manquait déjà un peu, même si elle peut parfois paraître exaspérante pour les moins patients d'entre vous. Vous sentiez que votre meute n'était pas au complet. Mais voir une forme sombre se détacher du blanc de la neige, sans sentir votre sœur à vos côtés, vous fait ressentir ce manque avec d'autant plus de force.

Il s'agit par ailleurs, vous l'apercevez rapidement, d'un corbeau d'1m20 d'envergure environ, qui change de forme tandis qu'il se pose, à une bonne dizaine de mètres de vous. Il s'agit d'une jeune femme au teint relativement pâle, aux cheveux tout aussi noirs que l'ensemble du reste de sa tenue sortie de son corps comme vous pouvez le faire vous-même.



"Putain quelle merde !" lâche-t-elle en guise de préambule, levant les mains à la verticale comme pour vous indiquer l'absence d'intentions hostiles. Ces mots étant manifestement destinés à elle seule -ou pas ?-, elle se compose une sorte de sourire, gêné par la quantité respectable de neige que la tempête lui envoie dans le visage -comme sur le reste du corps-. Conservant sa posture, et la distance qui la sépare de vous, tandis que vous montez en tension, elle enchaine :

"On a un problème avec Skade..."

[vous gagnez tous un point de rage]

Tout d'abord soucieux, les sourcils froncés, pendant que j'essaie d'intégrer toutes les données du problème posé par la situation, je redresse la tête vers la nouvelle arrivante lorsqu'elle prend forme humaine. La mine curieuse, je l'observe sous toutes les coutures, intrigué. La météo me dissuade de tenter de la renifler. Je reste silencieux et regarde toutes les personnes présentes, tour à tour...

Toujours sous forme humaine j'ai écouté l'échange entre Dagrun et Holger, consciente de la complexité de la situation pour le Rotagar et par extension, pour nous.

L'arrivée de la Corax a d'ailleur le don de détourner la situation dans une direction, tout aussi peu plaisante. Je ne parviens pas a retenir le grondement dans ma voix lorsque je lui répond, visiblement en proie à une agitation intérieur vis à vis de la "nouvelle" qu'elle nous rapporte :

"Comment-ça, un problème ? Où est Skade ?"

Si j'ai une idée de la façon de gérer le cas de Yelena, je n'en montre rien et me contente de suivre en silence l'échange entre Holger et Dagrun.

L'arrivée de la Corax me détourne de la discussion et je fronce les sourcils, partagée entre la curiosité de cette nouvelle venue que je ne connais pas et la mauvaise nouvelle qu'elle apporte avant même de parler. Quelle merde ? Entre Yelena, ce foutu coffre, la neige qui n'en finit pas et ça... ouais, sans nul doute, ça emporte la palme haut la main.

J'ai un bref regard vers Bjørn mais revient rapidement sur l'amie de ma soeur d'auspice et attend sa réponse aux questions de Sváfa avec une impatience certaine.

Les débats autour du destin de la malheureuse Parente ne se reflètent à aucun moment dans mon attitude. Stoïque, le visage fermé, j'assiste aux échanges tel un rocher dans la tempête.

Je hausse un sourcil en voyant arriver un corbeau, et me tourne vers la corax pour lui faire face une fois sa transformation effectuée. Impassible ou presque, je la jauge sans aménité tandis qu'elle fait irruption dans nos échanges de manière quelque peu désordonnée, et manifestement, bien trop elliptique pour me plaire.

Les choses sont toutefois bien faites, puisque lisant presque dans mes propres pensées, ma soeur pose l'incontournable question. Je n'en rajoute pas et me contente de fixer de manière insistante l'amie de notre soeur de meute pour qu'elle se décide à nous expliquer ce qu'elle a voulu dire. Et s'agissant potentiellement d'un problème de sécurité de l'une de nôtres, il va sans dire que ma tension est immédiatement montée d'un cran, même si comme toujours je prends sur moi pour garder tout cela sous contrôle.

Holger et Dagrun surveillent également la jeune femme, tout aussi attentifs que vous à sa réponse. Que ce soit volontaire ou non, ils n'ont pas le temps d'exprimer quoi que ce soit que la jeune femme aux cheveux noirs entame une approche prudente, conservant ses mains levées, et répond à l'injonction de Svafa.

"Elle a été capturée à Trondheim. Pas blessée ou tuée... juste capturée. Par ce que vous appelleriez des Jotunns... je crois. Et il faut dire que nous étions chez eux, pour accomplir notre 'mission'. Je peux vous y emmener !" s'empresse-t-elle d'ajouter, avant de poursuivre sur sa lancée : "Avec une voiture, en comptant qu'il faudrait s'éloigner d'ici pour en récupérer une, j'imagine qu'on peut y être en... 8 - 9 heures ?"

Dagrun gronde alors avant d'interpeller la jeune femme avant même qu'elle ne poursuive son explication, ce qu'elle semblait pourtant bien partie pour faire.

"Tu devais être avec elle."

"Et je l'étais !" répond alors l'intéressée. Mais j'ai pu m'envoler, ce que Skade pouvait pas faire pour des raisons évidentes. Et c'était le seul moyen de vous prévenir alors..."

La théurge l'interrompt à nouveau sans préambule, regard tourné vers Björn :

"Allez chercher votre soeur. Nous allons gérer la situation ici en attendant votre retour. Mais puisque la meute du cherche-sang a traqué puis capturé sa proie ainsi qu'écarté une menace proche, avant qu'elle parte je veux entendre son opinion sur ce qu'elle ferait de la Parente et de la corruption."

Même empreint du respect qui lui est dû, et qui n’est pas feint de ma part, j’observe Dagrun d’un regard ferme et froid en écoutant ses instructions et sa question. Un instant je fronce les sourcils, en pleine réflexion, confronté à l’un des premiers choix importants pour notre jeune meute.

Sans plus attendre, je me retourne ostensiblement en direction des miens, montrant ainsi à nos aînés que j’ouvre une parenthèse nécessaire, et je vous interroge collectivement du regard tout en prenant la parole de ma voix grave, assourdie par le vent soufflant en tempête.

- Sans assurance que le Flaïel qui a possédé cette femme n’a pas laissé une mauvaise graine, alors il est de notre devoir de ne prendre aucun risque. Les conséquences futures pourraient être terribles. Mon instinct me dit que la voix du Godi ne peut être ignorée.

Je laisse ensuite régner un bref silence, offrant la possibilité à qui le souhaite d’exprimer clairement son opinion.

Restant silencieux, je me contente de hocher la tête approbativement en direction de mon Alpha.

Les derniers échanges entre Dagrun et la Corax me font froncer les sourcils et je trépigne plus ou moins discrètement, frustrée autant par le manque de détails que par ce que ces trous peuvent masquer.

Mais la Maîtresse des Rites recentre la conversation sur un sujet d'importance et je refreine mon impatience pour réfléchir avant de répondre, ajustant le volume de ma voix pour que Bjørn puisse m'entendre :

"Loin, très loin de moi l'idée de vouloir prendre ce risque-là... mais prévenir Korochenko avant ou après peut changer les relations qu'il a avec le Sept. Non ?"

Je sens mon sang bouillir à l'annonce de Triss, annonce à laquelle Dagrun coupe court presqu'immédiatement prenant la décision qui s'impose. J'ai de nouveau un grondement aux paroles de Luna, mais me contente de faire un signe de tête à mon alpha, la mine refrognée et peu amène.

J'ai observé les réactions de chacun, écouté attentivement les paroles de Runa. L'air grave, c'est à cette dernière que je m'adresse :
- Il me semble que la vraie question est : est-ce à notre Sept de juger du devenir de cette Parente qui n'est pas des nôtres ? Et, peut-être : que ferions-nous s'il s'agissait d'une de nos propres soeurs, ou mères, ou cousines ?
Mon regard fait le tour à nouveau de la meute.
- Le ressenti de ces étrangers m'indiffère, mais je souhaite me prononcer en m'assurant que nous serons capables d'assumer plus tard la position que nous prenons aujourd'hui.

Instinctivement, je hausse un sourcil interrogatif. Puis, me reprenant, je hoche la tête approbativement et fermement.

Je ne quitte pas mon Alpha des yeux alors qu'il pose ses deux questions, et affiche un air aussi concentré que lui. Je sourirais presque si la situation n'était pas aussi grave... mais elle l'est, aussi je me contente de hocher la tête, laissant mon regard brillant montrer à Bjørn que j'apprécie la précision de sa reformulation.

Voyant que personne ne se lance pour répondre, je reprends la parole sur le même ton que précédement :

"Je sais pas répondre à ta question. Je sais juste qu'à sa place, je voudrais avoir le choix. Et que je le connais pas assez pour savoir comment il réagirait s'il apprenait qu'on l'en a privé !

Si c'était l'une des nôtres... je l'ai dit : loin de moi l'idée de vouloir prendre ce risque. Mais c'est juste mon avis, et c'est pas à moi de trancher ! Quoi que tu décides... Franchement, c'est possible ça, refuser d'assumer ?"

Sur cette dernière réplique, je finis par craquer et lâche un sourire un coin - un sourire que d'aucun jugerait sans doute plus carnassier que rassurant.

"C'est pas que je veux m'imposer ou gêner vos débats internes, mais Skade est toujours prisonnière. Je pense vraiment pas qu'elle soit en danger de mort mais j'aimerais assez qu'on la récupère au plus vite, dans le doute."

Visiblement concernée, affectée par la situation de Skade, la jeune corax fait un effort pour se taire après son intervention, bien qu'on perçoit nettement son envie de poursuivre. Tout autant qu'une certaine crainte que vous avez l'habitude d'inspirer.

Holger se tourne vers elle puis, esquissant un sourire mi-narquois mi-carnassier, il lève la main droite et lui donne une inclinaison à 45°, l'avançant puis la reculant comme pour indiquer la nécessité d'un arrêt ou d'une prudence accrue. Il joint alors la parole au geste :

"Pour ton bien, la ramène pas trop. On voudrait pas que t'y perdes des plumes..."

J'ai écouté la réponse de mon frère, ainsi que celle de ma cousine, fermant les yeux lorsque Triss en rajoute une couche. Je les ouvres à nouveau lorsqu'Holger lui intime de la boucler, le feu de ma rage dansant dans mes yeux. Tout comme Erlend je fais à nouveau un signe de tête vis à vis de la question de mon frère, indiquant que je suis prête à assumer le choix qu'il prendra, peut-importe lequel puis m'adresse à nos Rotagar d'un ton dur où pointe cette agressivité qui ne me quitte que rarement.

"Évidemment que tout le monde préfèrerai avoir le choix. Et si c'était l'un de nous, l'une de nos parentes, nous prendrions les décisions qui s'imposent tout aussi dures qu'elles soient car nous sommes des Fenrirs. Cela veut dire que parfois nous devons priver les autres de ce choix."

Je pose ensuite mon regard sur Triss sans rien ajouter, puis de nouveau sur mon frère.

Je suis habituée depuis longtemps déjà à l'agressivité latente de Sváfa, aussi ne suis je ni surprise, ni contrariée de quelque façon que ce soit.
Et si ma tête s'est légèrement tournée vers la Corax puis ma cousine, marquant ainsi que je prête bien attention à leurs paroles, mon attention reste tournée vers Bjorn donc j'attends tranquillement la décision.

J’ai suivi les réactions et les rares paroles sans me départir de mon attitude précédente. Je maintiens le silence une poignée de secondes après l’intervention de ma sœur, concentré sur mes dernières réflexions, puis me tourne vers nos deux aînés.
- Cette étrangère est venue d’elle-même se mettre dans cette situation. Ses actes ont contribué à réveiller une menace nouvelle et sérieuse. Nous n’en savons presque rien pour le moment. Pour toutes ces raisons, je considère que ce serait un risque inconsidéré de la laisser repartir.
On pourrait dire que ce n’est pas notre problème, que les Garous de son Sept pourraient s’en occuper, mais il n’en est rien : la corruption peut se multiplier, et notre inaction peut rendre son éradication bien plus compliquée. Et elle engage notre responsabilité.

Je marque un court silence, conscient de l’importance de cette première décision délicate dans le rôle qui m’est dévolu.
- Sa mort est donc la solution qui s’impose au vu de ce que nous savons, et surtout, ignorons.
A mes yeux la seule chose qui permettrait de reconsidérer la question serait d’avoir la garantie que cette possession n’implique aucun risque particulier pour le futur. Après avoir entendu les propos de Dagrun-rhya, je gage que personne au sein du Sept ou de nos alliés n’est en mesure de nous la donner.

Holger se fait impassible tandis qu'il suit les arguments de chacun et chacune d'entre vous. Ses yeux se posent régulièrement sur la maîtresse des rites du sept, qui elle-même, vous observe à mesure que vos positions sont affichées.

Elle acquiesce aux mots de Svafa, puis à nouveau à la conclusion apportée par Bjorn. Si elle hoche la tête durant l'intervention de ce dernier avec une conviction sans équivoque, elle patiente quelques longues secondes, embrassant l'ensemble de la meute du regard, avant d'intervenir à nouveau.

La voix est forte, car il faut couvrir le bruit de la tempête qui rugit. Mais elle l'est également car comme vous, elle n'est jamais si tranchante que lorsqu'elle affirme la conviction profonde de votre tribu.

"Voilà les réponses que nous devions entendre. Dignes de notre sang. La décision est prise."

Elle se tourne alors vers Holger, avec un petit passage du regard sur Runa.

"Si cette décision doit mécontenter et mener à des représailles, espérons qu'elles soient de taille, que le combat soit à notre hauteur. Nous agissons pour Gaïa sous le commandement du plus puissant des Loups. C'est tout ce que nous avons besoin de savoir.

Je vais annoncer la nouvelle au sept et à la meute de la plaie des foudres. Holger, soit d'autant plus vigilant dans ta surveillance. Tu passeras le mot à ta meute. Mais avant ça..." dit-elle juste avant de tourner son regard en direction de votre meute à nouveau, pendant que le rotagar se contente d'hocher la tête... " que celui parmi vous chargé d'appliquer la décision le fasse."

Je fronce les sourcils à la réponse de Dagrun, cherchant un instant mes mots. Je fais un effort notable pour essayer de maîtriser mon agressivité -avec un résultat mitigé- et si j'assume pleinement mes propos, je ne suis pas non plus défiante.

"Parle-sang"-Rhya, nous avons donné notre avis et je ne doute pas que "Sans-égale"-Rhya saura en tenir compte dans sa décision."

Surpris par la réaction de Sváfa, je tourne ensuite le regard vers Bjørn, attendant sa décision.

Je jette un coup d’œil vers ma sœur après son intervention, sans réprobation aucune, puis passe mon regard sur Runa, Erlend, et enfin Dagrun pour m'assurer que cela ne l'incite pas à repousser l'exécution de la sentence qu'elle vient de prononcer.

Si tel n'est pas le cas, ma détermination à faire ce qui doit être fait ne faiblit pas, et je n'ai nullement l'intention de confier cette responsabilité à quelqu'un d'autre. Mon corps se déforme tandis que j'adopte la forme de guerre. Puis je m'approche de Yelena afin de lui asséner un unique coup de griffe fatal, lui accordant ainsi une mort immédiate.

J'accueille la décision de Bjørn sans montrer de réaction, basculant aussitôt mon regard vers Dagrun.

Quand cette dernière se tourne vers moi et mon frère d'auspice, les mots qu'elle prononce font poindre dans mes yeux une lueur joyeusement rageuse, parfaitement assortie au sourire carnassier qui se forme doucement sur mon visage. Et c'est sans hésiter que je réponds, d'un simple hochement de tête montrant clairement ma compréhension et mon acceptation totale de la situation.

L'intervention de Sváfa vient quelque peu perturber cette expression et je rabats vivement le sourcil qui commençait à se lever. Mon regard oscille un instant entre la Philodox et la Maîtresse des Rites avant d'être capté par le mouvement de Bjørn, que je ne quitte plus des yeux jusqu'à ce que la sentence soit appliquée.

Holger écarquille les yeux à la remarque de Svafa, puis oriente discrètement son regard vers Dagrun, puis vers Svafa à nouveau, comme s'il cherchait à vérifier qu'il avait bien entendu, et en mesurer les conséquences.

Dagrun quant à elle fixe la philodox, silencieuse, avec une intensité qui tend à refroidir l'environnement déjà glacial. Elle plisse les yeux et instinctivement, vous sentez un prédateur supérieur sur le point de fondre sur sa proie : Svafa.

Pourtant rien ne se produit. Vous préféreriez. Svafa préfèrerait, car la tension devient rapidement difficile à soutenir. Bjorn prend alors sur lui pour accomplir son devoir sans se laisser distraire. Yelena ne bouge pas, toujours catatonique, tandis que le Garou sous forme de guerre s'approche. Elle ne bouge pas tandis qu'il donne le coup fatal. Du sang s'écoule alors de la large plaie. Le coup a été précis, rapide, il ne reste aucun doute sur le décès de la Parente.

Holger serre les mâchoires un court instant, observant de loin. Cette expression du jugement implacable a détourné le regard de Dagrun, qui est passée de son observation de la philodox à celle de l'ahroun.
Mais ce sursis salutaire n'est que temporaire, car les yeux froids et inquisiteurs de la théurge retrouvent à nouveau leur précédente cible.

Puis, tandis que Bjorn est sur le chemin du retour, c'est sa voix qui s'élève, cinglante.

"Tu n'as pas encore ce qu'il faut pour jouer à ce jeu avec moi, Svafa. J'espère que tu l'auras rapidement, mais en attendant considères-toi avertie : aujourd'hui je n'ai pas de temps à perdre à corriger une cliath maladroite. La prochaine fois, je le prendrai.

Ta première réponse a démontré ton potentiel. Ne le gâche pas. Cette fois sera la première et la dernière où je considèrerai n'avoir rien entendu."

Puis, après quelques longues secondes à fixer Svafa, l'adren se tourne vers Bjorn, hochant la tête.

"Tu honores ta meute, Bjorn. Allez chercher votre soeur maintenant. Revenez au caern lorsque c'est fait. D'une façon ou d'une autre, vous ne revenez pas sans elle."

Triss, dès que la tension a commencé à monter, s'est faite petite. Très petite. Si petite que c'est vraiment le noir qui la caractérise, tant par ses vêtements que par sa couleur de cheveux, qu'on la discerne dans la neige. Et encore, c'est presque en la redécouvrant, une fois la tension environnante dissipée.

J'ai du mal à gérer cette tension sans qu'elle ne débouche sur de la violence, et si je ne regrette pas mes mots - je ne les auras pas prononcés dans ce cas - je détourne les yeux et baisse mon regard vers le sol acceptant pleinement la correction que m'inflige Dagrun. Je n'ajoute pas de mots, ma posture de soumission étant plus évocatrice que n'importe quel mot qui pourrait sortir de ma bouche. Ce n'est que lorsque la maîtresse des rites nous ordonne d'aller chercher Skade que je relève la tête, la violence contennue visiblel dans mes yeux démontrant sans équivoque que je suis prête à en découdre avec la première personne qui me dirait un mot de travers.

Les mâchoires serrées je m'adresse à Triss puis notre discret théurge.

"Et par l'Umbra ? Ça pourrait être plus rapide ?"

Suite à la question de Sváfa, j'affiche une moue indécise puis je répond sobrement :

"Aucune idée..."