Chapitre 1 : Un recommencement

L'un après l'autre, vous avez été mené jusqu'à cette porte sombre qui s'est refermée derrière vous, vous laissant tout loisir de découvrir l'intérieur.

La pièce est ronde, environ 15 mètres de diamètre, avec des murs faits de larges pierres grises, meublée en tout et pour tout par 5 râteliers d'armes, disposés régulièrement le long des murs. Épées de tailles et formes variées, dagues, lances, bâtons... l'arsenal est conséquent, et semble de bonne facture. L'ensemble tranche fortement avec les quelques meubles situés au centre de la pièce : une table basse entourée de canapés assortis, et porteuse d'une collation prévue visiblement pour plusieurs personnes.

[Je ne précise pas l'ordre d'arrivée, ça ne dépend que de vous...]

J'observe la pièce, regardant rapidement les râteliers sans toutefois y accorder beaucoup d'attention, puis je m'approche de la table basse et des canapés. J'incline légèrement la tête vers la droite, prends mon coude droit dans la paume de ma main gauche et tapotant doucement ma joue avec la droite refermée. Je me pose la question en parlant à voix haute :

"Pourquoi est-ce qu'elle est prévue pour plusieurs personnes ...?"

Je reste où je suis, debout, perdue dans mes pensées.

Arrivant à mon tour, habillée d'une tenue manifestement adaptée à un long voyage, ma première réaction après avoir noté l'absence de danger immédiat dans la vaste pièce est de saluer la jeune femme aux cheveux d'or qui m'a conduite ici, tout en plissant les yeux, perplexe, face à la situation. Une fois la porte refermée, mes yeux se portent à nouveau sur Rinwell, à qui j'adresse un salut de la tête empreint d'une certaine élégance polie, bien que portant une certaine rigueur toute lookshyane.

Je m'avance vers la jeune femme d'une démarche souple, carquois et arc cliquetant légèrement. Mes yeux passent brièvement sur les différents recoins, meubles et autres râteliers, mais reviennent toujours sur la seconde convive, jusqu'à me trouver à environ 2 mètres d'elle.

"Bonjour..." je plisse un peu les yeux, fouillant ma mémoire à la recherche d'une information importante, puis finis par poursuivre une fois celle-ci trouvée. "Rinwell, c'est bien ça ? Fille de Ryuji l'apothicaire. La guérisseuse qui m'a recousue quelques fois déjà si je en m'abuse."

L'arrivée de la Lookshyane me fait revenir sur terre, et je lui adresse également un signe de tête poli pour la saluer. J'incline légèrement la tête sur la droite en la voyant se souvenir de mon prénom, avant de lui répondre :
"Bonjour ... oui, c'est bien mon prénom, mais ..."  
Je laisse passer quelques secondes, de nouveau perdue dans mes pensées mais cette fois pour me souvenir de quelque chose, avant de revenir une nouvelle fois sur terre et de dire :
"Excusez-moi, je ne vous avais pas reconnue ... Sahia, si je me souviens bien ?

J'acquiesce sobrement avant de répondre :

"C'est bien ça en effet."

Sans rompre particulièrement l'échange, j'effectue quelques pas pour me déplacer, regarder autour de nous, ce qui l'air de rien place l'entrée sur mon côté droit et non plus dans mon dos. Mon regard revient finalement se poser sur la jeune femme en face de moi.

"Je ne m'attendais pas à vous rencontrer ici. Vous connaissez l'objet de cette invitation peut-être ?"

Je regarde Sahia se déplacer, puis regarder autour d'elle, tandis que je reste immobile. Je secoue la tête en signe de négation quand elle me pose sa question, et je rajoute juste après :
"C'était la question que j'allais vous poser ..."
J'attends quelques secondes avant de poursuivre :
"Est-ce que vous savez quand est-ce que Meira reviendra ? Elle est partie en disant qu'elle nous rejoindrai le plus rapidement possible, mais n'a pas précisé dans combien de temps exactement, et j'aimerais moi aussi savoir pourquoi elle nous a fait venir ..."

Après un bref regard vers la porte, mon regard se pose à nouveau sur la jeune femme aux yeux clairs avant de secouer négativement la tête, puis de lâcher, la voix portant une certaine perplexité :

"Je n'en au pas la moindre idée. J'imagine que nous devons faire preuve de patience."

J'esquisse un léger sourire rassurant.

"Les réponses viendront."

J'entre à mon tour dans la pièce accompagné d'une femme. Je porte une robe élaborée, confectionnée à partir de tissus luxueux d'un rouge flamboyant et brodée d'or et d'argent. La robe est ornée de motifs complexes qui représentent les armoiries de la Confédération des Rivières avec des manches très larges et flottantes, couvrant en partie mes mains dont chaque doigt est paré d'une bague en or.

Mes cheveux noirs sont élégamment tressés en arrière, une barbe naissante, mais entretenue. Mes bottes sont fabriquées à partir du même cuir et tout aussi travaillé que la ceinture.

Lorsque je passe le pas de la porte, mon regard se porte sur chacune d'entre vous, vous détaillant de la tête au pied d'un œil appréciateur, sur l'ensemble de la pièce, détaillant les armes et m'attardant sur certaines plus que d'autres, puis sur la table basse sur laquelle sont posées les collations.

Mes mains sont posées au niveau de mon diaphragme, juste au-dessus du ventre, je tapote de manière régulière trois de mes doigts annulaire, majeur et index, provoquant à petit son à chaque rotation *clic clic clic*.

Je reporte mon attention sur vous, relâchant mon bras gauche et gardant mon bras droit au niveau du torse puis m'inclinant face à vous.

"Qasim, Prince marchand pour le compte de la guilde, enchanté." Je reprend ma position initiale, laissant la place et parole à la femme qui me suit dans un nouveau cliquettement *clic clic clic*.

Je suis l'ombre de mon frère, le suivant avec une assurance pleine de légèreté. À l'instar de lui, je suis parée d'atours somptueux : une ample pèlerine dorée, partiellement dévoilée, dont le capuchon repose en arrière, dévoilant ma chevelure sombre. Sous cette pèlerine, une tenue en soie oscille entre l'or et le blanc, constituée d'un pantalon bouffant et d'un corset attaché autour de mon cou par un bijou. Une écharpe d'une teinte orangée retombe avec grâce sur mes épaules. Le pantalon et le corset se lient par des bandes de soie disposées avec une précision artistique, agrémentées d'ornements doré métallique. Autour de mes biceps, de larges bandes de soie, délicatement enroulées et tenue par un bracelet en or, créent l'illusion de manches amples.

Mon visage est embelli d'une parure aussi riche que ma tenue. Des bijoux d'or encadrent mon front et mon visage, ajoutant une touche majestueuse sur un visage aux traits fins et maquillé avec soin.

Je glisse avec une grâce aérienne et observe la pièce d'un regard vif. Lorsque je capte votre regard, mes yeux ambrés s'illuminent d'une joie sincère et je rayonne du plaisir d'être présente en cet instant. Tout en moi exhale cette allégresse lorsque je vous adresse un salut enthousiaste. Mes mains dessinent des gestes harmonieux dans l'air pendant que je parle, tandis qu'un sourire radieux anime mon visage. Mon salut n'est pas simplement une politesse, mais une invitation à partager la félicité qui anime mon cœur.

"Bonjour à toutes et à tous. C'est un plaisir de vous rencontrer !"

Je ne reste pas cachée derrière mon frère et m'avance devant lui pour venir à votre rencontre.

Dès que la porte s'ouvre à nouveau, ma tête se tourne d'un quart de tour pour aviser les nouvelles têtes, rapidement mais avec grâce et sans précipitation. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elles sont visibles. Ma tenue, à côté, fait pâle figure pour ce qui est des froufrous et autres colifichets de luxe. Du noir, du pourpre, du tissu de grande qualité à la solidité éprouvée pour le voyage mais qui me ferait probablement passer pour une roturière en comparaison.

J'affiche alors un mince sourire poli puis m'incline légèrement pour saluer les deux arrivants. Mes yeux ne suivent pas le mouvement du buste, restant à l'horizontale sans quitter nos nouveaux compagnons. Le geste est souple et gracieux mais une certaine rigueur martiale s'en dégage néanmoins.

"Sahia Eliakassim. Enchantée."

Le rythme de mes mots et l'intonation de ma voix semblent conformes à ce qui transparaît par mon attitude : pour l'heure, la politesse ne fait pas défaut, je semble maitriser ma diction et mes manières, mais mon origine Lookshyane ne fait aucun doute.

Je tourne la tête vers la porte dès que cette dernière s'ouvre, observant les nouveaux-venus sans pour autant les dévisager avec trop d'insistance. Je m'incline légèrement après la présentation de Qasim, et souris aussitôt en voyant la joie visible de Sheherazade. Même si je reste un peu réservée, je ne perds pas mon sourire en me présentant à mon tour :
"Je m'appelle Rinwell, enchantée moi aussi."
J'observe Sheherazade s'avancer et mon sourire s'élargit encore un peu en voyant cette félicité qui l'accompagne.

Je tourne mon visage vers chacune d'entre vous lorsque vous vous présentez, vous renvoyant un sourire enthousiaste, dépourvu de tout jugement. Après vos paroles, je frappe doucement dans mes mains, un léger tintillement métallique provenant de mes nombreux bijoux.

"Ah ! Mais je manque à la plus élémentaire des manières. Je suis Sheherazade, mais peut-être me connaissez-vous sous le nom de Papillon du Désert si vous êtes des amies de la maisonnée."

La carnation plus foncée de ma peau et les traits de mon visage m'affichent très clairement comme originaire du sud de création, ce qui est également vrai de la personne qui m'accompagne, avec qui je partage un air de famille.

J'accentue légèrement mon sourire un bref instant avant de répondre à la splendide jeune femme, conservant cette forme de neutralité polie.

"je n'ai pas ce plaisir."

Je ponctue ma phrase d'un silence à la durée calculée puis reprends le fil sans m'empresser, mes yeux passant sur l'un et l'autres des invités du sud, la diction toujours maîtrisée ne laissant aucun doute sur une éducation privilégiée.

"Vous seriez liés à l'origine de cette petite réunion peut-être ?"

J'ai à peine le temps de me rendre compte qu'on me parachute au beau milieu d'une réunion que la porte s'est déjà refermée derrière moi. Après un regard furieux vers l'arrière, je me tourne vers la petite assemblée, planté sur le seuil, droit comme un i, le regard fier et scrutateur, les mains le long de mon corps, prêtes à agir.

Ma cape de voyage est encore toute poussiéreuse, signe que le voyage en question a été certainement conséquent. Je n'ai pas même eu le temps de l'enlever, et elle ne peut pas totalement occulter l'armure que je porte en-dessous, agrémentée de serres-poignets, ni la lame et la targe qui pendent de part et d'autre de ma ceinture sous la cape.

Mon visage est taillé dans le marbre. Dur mais harmonieux, d'une beauté certaine, dégageant un caractère affirmé, et pour le moins fier. Je suis grand, approchant le double mètre, et mon corps dégage une puissance et une agilité digne des grands félins, qui ne renieraient pas non plus ma crinière blonde cascadant jusqu'aux épaules, ramenée vers l'arrière et contenue par une fine tresse de part et d'autre de ma tête.

La première chose que je fais est donc de dévisager chacune des personnes présentes, sans vergogne. Mon attitude dure et fermée se fissure malgré tout assez rapidement en faisant mon tour du propriétaire : la gent féminine semble plutôt avenante, d'abord la sympathique jeune femme, puis la charmante danseuse, je passe ensuite sur le bonhomme qui croule sous l'or et qui m'arrache un simple froncement de nez, et pour finir... Ma surprise n'est pas feinte quand je m'exclame : - Sahia !?

Et tout à coup la machine s'est mise en route. Un franc sourire sur lequel la surprise initiale n'a pas totalement disparu, comme si je n'y croyais pas vraiment, s'affiche sur mon visage, tandis qu'en quelques pas j'avance dans la pièce pour me porter au niveau de la dernière nommée.
- Si je m'attendais à ça ! Toujours aussi ravissante ! Qu'est-ce que tu fiches ici ? Et... en faisant un petit tourniquet avec la main pour désigner ce qui nous entoure. Tu connais tous ces gens ?

Dès que la porte s'ouvre à nouveau mon regard se porte sur l'entrée malgré la question que je viens de poser, comme un réflexe conditionné. Même si, au moins dans un premier temps, mon visage reste tourné vers Sheherazade. Mon intention première est vite bousculée cependant dès que je reconnais le nouvel arrivant.

Mon visage et mon langage corporel affichent une succession d'émotions. Une surprise réelle en premier lieu, rapidement suivie par un sourire un peu plus large, plus spontané aussi, que je ne tarde pas à effacer en partie pour regagner une certaine neutralité. S'ensuit une expression étrange. Gêne, culpabilité ?

Lorsque Mékios affiche sa surprise, et ensuite tandis qu'il s'approche, j'opine du chef comme pour confirmer qu'il s'agit bien de moi, ce qui est à l'évidence foncièrement inutile. Je ne quitte pas mon compatriote des yeux tandis qu'il progresse dans la pièce, souris plus largement lorsqu'il me complimente avant de lui répondre, conservant un léger sourire vissé aux lèvres.

"Shozei Sikander.... Mékios...ça me fait plaisir de te voir. Même si je ne m'y attendais pas."

Mon regard passe rapidement sur l'ensemble de nos compagnons du moment, alors que j'en profite pour masquer ce sentiment étrange apparu un court instant, avant de retrouver celui du musculeux soldat. Ce dernier peut d'ailleurs y voir quelques différences par rapport à ce qu'il a connu quelques années auparavant. Une lueur de détermination plus nette, de conviction prégnante.

"J'ai déjà croisé à quelques reprises Rinwell qui officie en tant que médecin chez nous..." dis-je en désignant l'intéressée d'un bref et discret geste de la main, paume vers le haut..."mais je viens tout juste de rencontrer Sheherazade et Qasim. Je viens d'arriver, et n'ai pas même eu le temps de me changer. Nous devrions vite découvrir si c'est une bonne chose ou non, car être tous invités par la représentante d'une famille disparue laisse de nombreuses zones d'ombre." conclus-je en retrouvant un air un peu plus intrigué.

J'allais répondre à Sahia lorsque l'arrivée d'une nouvelle personne me coupe l'herbe sous le pied. Aussi, lorsqu'il me dévisage, je lui adresse le même salut empreint d'allégresse que j'ai pu adresser au reste des présents, ne semblant pas particulièrement dérangée par l'inspection. Je l'observe rapidement à mon tour, sans insistance.

J'observe les échanges avec un air attendrit, qui termine sur de la surprise quand Sahia mentionne la famille disparue. Je me retourne brièvement vers Qasim, avant de revenir vers la lookshyane à l'allure martiale. Je parle un peu plus bas que précédemment, comme ci, je ne voulais pas briser l'émotion des retrouvailles du présumé Mékios et cette dernière.

"Nous n'en sommes pas à l'origine, non, mais nous sommes ici pour affaire avec le maître de maison. J'aurais pensé que vous y étiez liés, mais qu'en sais-je, ce n'est pas vraiment mon domaine !"

Je termine avec bonhommie et un soupçon d'amusement.

J'écoute Sheherazade se présenter, sans perdre mon sourire, et je rajoute après la réponse de Sahia :

"Malheureusement, moi non plus."

J'écoute la question de la Lookshyane. J'ouvre légèrement la bouche pour parler, puis la referme aussitôt en voyant le cinquième invité entrer dans la pièce. Je ne manifeste pas particulièrement de gêne ou de timidité en le voyant nous dévisager, mais je ne peux pas m'empêcher de reculer d'un pas.
Je me tourne vers Sahia lorsqu'elle me cite, écarquille les yeux en l'entendant parler d'une famille disparue tout en perdant mon sourire, avant de reporter mon attention sur la jeune femme couverte de bijoux alors qu'elle répond à la question qu'avait posé Sahia. Je ne peux pas m'empêcher de sourire à nouveau en entendant la touche d'amusement dans les mots de Sheherazade. Je rajoute sur le même ton qu'elle :

"J'aimerais bien, je pourrais comprendre ce que je fais ici !"

Mes yeux se plissent à l'annonce de Sheherazade, vers qui j'oriente à nouveau mon regard. Sans autre mouvement, je lâche :

"Je ne connais pas les intentions de notre hôte mais suis sûre d'une chose : en ce qui me concerne, je ne suis pas venue pour affaire. Et je serais vraiment étonnée que ce soit différent pour Mékios."

Je me tourne à nouveau vers ce dernier, l'étrangeté de la situation m'amenant à retrouver une rigueur analytique.

"Je me trompe ?"

Je garde un petit sourire sincère en regardant intensément Sahia tandis qu'elle réagit verbalement et physiquement à nos retrouvailles inattendues. Ce n'est que lorsqu'elle me présente les autres hôtes en les désignant qu'à nouveau, mon regard se détache d'elle pour balayer les autres personnes présentes. Silencieux et flegmatique, je me contente d'écouter les quelques échanges, pour en revenir à la question de Sahia.

- hum... guère mieux en effet. Lookshy a obtempéré au souhait de cette femme de me voir venir ici. J'ai cru un moment que c'était uniquement lié à mon charme légendaire, mais en découvrant ce petit monde ici présent, l'illusion s'est brisée. dis-je en rigolant un peu pour moi-même.

Ma voix reste d'ailleurs sur ce ton un peu joueur et ironique alors que je poursuis :
- En revanche tu as soulevé un point intéressant, je connais moi aussi le nom de la famille Nérigus. Suffisamment pour savoir qu'elle est éteinte depuis plusieurs générations. Alors trouver une jeune et pimpante membre de cette noble famille en vie me laisse, comme qui dirait, quelque peu perplexe.

J'écoute les échanges avec un air contrit, en me rendant compte que contrairement à nous, vous n'êtes pas ici pour affaire, mais plutôt par curiosité, et que cette curiosité commence lentement, mais surement à s'impatienter. Très expressive, j'accompagne chacune de mes réactions d'expression faciale relativement faciles à interpréter : De l'encouragement pour Rinwell suite à ses propos, de la curiosité pour les propos de Sahia, de l'amusement suivit de surprise et d'une encore plus grande curiosité après les propos de Mékios.

Je reste agréable et de bonne humeur, quiconque croise mon regard obtient un joli sourire.

L'arrivée de Mékios me décoche un haussement de sourcil, je reste suffisamment loin pour ne pas mélanger la poussière qu'il traîne à mes somptueux vêtements.

J'écoute les échanges en silence, déçu de m'apercevoir que cet attroupement ne semble pas être mû par le même intérêt des affaires. Un détail attise soudainement mon intérêt, lorsque Sahia nous en dit plus sur Rinwell. Mon regard se pose sur la jeune femme. J'attends patiemment que les discussions se terminent, dans un silence troublé par un cliquettement *clic clic clic*.

Je me racle la gorge pour attirer l'attention de ce rassemblement et m'adresse directement à Rinwell :

"Une médecin et pourtant si jeune ? Nul doute que Rinwell doit être une virtuose. Depuis combien de temps officiez-vous comme médecin ma chère ? Avez-vous songé à gérer votre propre temple de guérison, ou hospice ? Si cela vous intéresse, je me ferai un plaisir de vous accompagner sur le développement d'un tel projet."

J'écoute les questions et la proposition de Qasim, l'air poliment étonné. J'attends que quelques secondes passent avant de lui répondre :

"Je ne suis pas si jeune ... mais peut-être que par rapport à vous, si, je ne connais pas votre âge ...en tout cas, j'ai depuis longtemps celui de travailler. Et, non, je ne suis pas vraiment une virtuose, je dirais plus que je sais soigner correctement. Pour répondre à votre première question, je le fais depuis 2 ou 3 ans, formation incluse. Et pour la seconde, je n'y ai jamais songé ..."

Je laisse de nouveau un court blanc, avant de continuer sur le même ton neutre :

"De toute façon, on ne peut pas construire un bâtiment comme ça, sans l'accord de l'Etat-Major ... il n'y a même plus assez de place pour. Et je travaille pour ma ville et pour aucune autre, alors je ne partirai pas pour aller le faire ailleurs."

Ma dernière phrase est prononcée de manière plus dure, comme si je voulais que mon interlocuteur le retienne, plus que le reste. Je reprends le ton doux que j'avais avant :

"Mais je vous remercie de l'avoir proposé."

J'hésite une seconde avant de poursuivre :

"En revanche ... pourquoi l'avoir fait ? Cela pourrait paraître un peu préjugé sur les marchands, mais je ne vois pas ce que vous pourriez y gagner ... et je ne connais pas beaucoup de commerçants faisant gratuitement quelque chose qui ne leur rapporterait rien. Sans vouloir vous vexer ..."

Alors que vous échangez entre vous, la porte se rouvre doucement pour laisser entrer votre hôte, dans un silence tel que seuls ceux lui faisant pourront s'en apercevoir. Elle s'immobilise et prend un instant pour s'attarder sur chacun d'entre vous, guettant quelque chose qu'elle ne trouve visiblement pas.

Une petite moue fugitive vient orner son visage, avant qu'un soupir ne vienne l'effacer. Sans se soucier de surprendre ceux qui ne l'auraient pas encore aperçue, Meira s'exprime d'un ton à la fois tranquille et déterminé, juste assez fort pour atteindre l'ensemble de son auditoire :

"Encore une fois, je remercie chacun d'entre vous d'avoir répondu si vite à mon invitation. Je gage que vos questions sont nombreuses, et j'avais espéré que certaines auraient déjà trouvées réponse... mais soit, il faudra s'en accomoder."

Elle s'élance ensuite à travers la pièce d'un pas vif, suivant une trajectoire qui lui fait naturellement esquiver vos positions tout comme elle esquive vos éventuelles questions qu'elle se contente d'accueillir d'un hochement de tête. Alors qu'elle arrive à proximité d'un râtelier, la porte par laquelle elle est entrée se referme dans un claquement sec suivi d'un bruit sourd qui attire sans mal votre attention.
Votre hôte profite de l'instant pour s'emparer d'un long bâton dont elle pose l'extrémité au sol, le maintenant en position verticale. La jeune femme penche alors la tête tandis que la tristesse envahit son regard, sans parvenir à en chasser la détermination.

"Je suis désolée, vraiment. J'aurais souhaité pouvoir faire autrement, mais le temps nous est compté. Il faut vous éveiller, maintenant..."

Le dernier mot résonne encore dans la pièce alors qu'une lueur dorée vient éclairer le front de Meira, juste avant qu'elle ne disparaisse. Avant que quiconque ne puisse la localiser, un violent coup porté dans le dos de Mekios propulse le soldat sur une dizaine de mètres, lui faisant percuter Qasim de plein fouet. Le mouvement involontaire (et certainement douloureux) des deux hommes s'achèvent en glissement au sol qui les laissent à deux pas du mur.

Meira est réapparue vers le centre de la pièce et observe les trois femmes encore debout d'un air plus décidé que jamais, comme si elle hésitait simplement à choisir sa prochaine cible.

Je me suis tourné pour observer le manège étrange de notre hôtesse, hésitant à savoir si son baragouinage était du lard ou du cochon. La lueur dorée apparaissant sur son front est un signal qui ne m'échappe pas et immédiatement mes réflexes de combat prennent le dessus, mais sa disparition soudaine et le coup puissant dans mon dos qui m'envoie valser directement dans le marchand me montrent que les lesdits réflexes n'ont pas été suffisants cette fois.

Je rejette toute idée de douleur, et sans me préoccuper un seul instant de celui que je viens de percuter, je me relève dans un rugissement de défi et de rage. Et aussi étonnant que cela puisse paraître pour ceux qui ne me connaissent pas, il y a dans mon attitude guerrière, dans mon regard, dans mon être tout entier une exaltation réelle pour ce moment. Je vis le combat, je vis le défi, et un sourire se dessine sur mes lèvres alors même qu'un filet de sang s'en écoule.

- Insuffisant chère dame "Nérigus". Il en faudra beaucoup plus pour me vaincre.
Je dégaine immédiatement la lame à mon côté d'une main, de l'autre je passe la petite targe qui ne me quitte pas.
- Désolée ou pas l'un de nous deux ne quittera pas cette pièce.
Je prends une posture de combat et me rue à l'assaut avec tout ce que j'ai. Mes coups sont précis, ceux d'un homme surentraîné qui a passé son existence à devenir une arme, dans l'unique but de vivre ce genre de moment. Mon moment. Hors de question de le rater, fusse-t-il ma sortie, qu'elle soit glorieuse !

Lorsque le symbole apparait sur le front de notre hôte, je ne peux pas retenir un Ô silencieux, les yeux écarquillés. Mais si déjà la surprise est de mise, elle l'est encore plus lorsqu'elle se rend invisible et envoie valser comme des fétus de pailles, l'impression guerrière et mon frère. Étant dans la même pièce, je n'ai rien manqué de la scène, ni de la situation lorsqu'elle réapparaît et que son attention se porte sur nous, les trois filles restantes.

J'aurais pu penser les moins menaçantes, mais malgré son attitude polie, personne avec toute sa tête ne qualifierait Sahia et son attitude militaire d'inoffensive. Sans un mot, je me place naturellement entre l'attaquante et Rinwell, puis me met en position de défense, les genoux fléchis, les bras devant moi, dans une position de kata martial. Je suis sur le qui vive n'ayant aucun doute sur le fait qu'elle a plus d'un tour dans son sac.