[Chapitre 1]Murmures de Fimbulvetr

Constatant les efforts des membres de ma meute, je reste sous forme de loup et me tient vigilant envers les alentours. Je refoule mon inquiétude, due au fait de me trouver en terrain inconnu (comme un peu partout sauf les alentours de notre Caern). Je surveille régulièrement les expressions de mon Alpha, pour être certain de ne manquer aucune consigne éventuelle.

A l'image de mon métis de demi-frère, constatant que Skade et Svafa tentent tous les deux de confirmer les premières constatations de Runa, je reste pour l'instant silencieux. Mes sens sont tendus sur l'environnement immédiat, vigilants à toute menace, et régulièrement je lance un coup d'oeil vers les autres attendant le résultat de leurs investigations.

Les yeux de vos soeurs, à l'évidence, sont portés sur un monde que vous connaissez mais qui se trouve hors de portée de vos sens actuellement. Il y a néanmoins quelque chose que vos sens perçoivent. Plus exactement, un sentiment que votre instinct perçoit : vous n'êtes pas les bienvenus dans cette Nature. Les éléments vous sont toujours hostiles. La Nature vous fait payer votre existence. Elle vous fait payer vos actes. Tous vos efforts fournis pour vous montrer dignes, respectables, honorables : peine perdue, vous ne le serez jamais assez, et la Nature vous en fait un témoignage vibrant.

Mes pupilles reprennent leur couleur dorée, et je prends conscience que je n'étais pas la seule à tenter de voir ce qu'il se trame de l'autre côté. Je refais un tour d'horizon pour m'assurer que rien ne se soit approché pendant que mes sens étaient occupés.

Il m'a fallu quelques secondes avant de commencer un rapport à ma meute, je suis plus sereine que lorsque nous étions submergés par cette sensation malsaine qui nous entourait.  

"D'ici, je compte quatre créatures, je suis tentée de dire que ce sont des Flaïels qui nous tournaient autour. Par contre, l'un d'entre vous à vu ce coffre dans la Penumbra ? Je ne saurai pas le définir exactement, mais il m'a semblé voir des ondulations pendant l'entraperçu qui émanent de son emplacement. Ce sont des fluctuations comme des changements de couleurs et de motifs, mais très infimes."

Toujours en forme Lupus, je me tourne vers Bjørn, mes pupilles luisant d'un éclat qui ne laisse aucun doute sur mes intentions :

"Je veux en voir plus."

Je cesse de chercher à percer le goulet qui nous sépare de l'ombre de velours et à mon tour revient à moi, non sans avoir un signe de tête affirmatif aux paroles de Skade. Sachant que nous avons des observateurs aux propriétés relativement inconnues, j'opte pour la télépathie.

"Quatres flaïels, je pense qu'ils sont plus d'influence corruptrice que destructrice. On ne peut pas laisser la chose en l'état. Et je confirme Skade, c'est comme si l'environnement umbral fluctue légèrement, là où il se trouve. Des ondulations étranges ou des changements de couleurs, voire de motif, infimes, à certains endroits. Ça donne le vertige, comme si mes yeux voyaient ailleurs, passant de ta réalité à celle de la pénumbra, et d'autres endroits encore. Quelque chose est en train de se passer avec le coffre en ce moment même.

Il y a urgence, passons de l'autre côté. Erlend, ouvre la voie !"

Etant toujours sous forme de loup, je jette un coup d'oeil rapide vers mon Alpha, attendant sa confirmation.

Ma mine s'assombrit à mesure que les éléments découverts se révèlent, et je ne tarde pas une seconde de plus à hocher la tête pour marquer mon accord quant au fait de passer le Goulet. Et dans la foulée, j'adopte la forme crinos.
- Allons-y. C'est peut-être le coffre qui d'une manière ou d'une autre appelle ces flaïels.

Aussitôt après que mon Alpha est donné son accord gestuellement, je me place de façon à permettre aisément le contact de chacun de mes frères et sœurs de meute. Et dès que l'ensemble s'est rejoint, je tente de traverser le Goulet en emmenant les autres loups-garous.

Si la frustration persiste lorsque Skade décrit les flaïels que j'avais fait que deviner, sa description du coffre dans la pénumbra la fait disparaitre aussitôt. Et c'est un regard en total accord avec ma soeur d'auspice que je porte sur notre alpha, attendant sa décision avec une impatience notable.
Cette dernière ne s'amenuise certainement pas quand Svafa présente sa propre vision des choses et je me rapproche aussitôt d'Erlend tant j'ai hâte d'y aller pour en voir plus, moi aussi.

Je réagis sans attendre à l'annonce de Bjorn et change de forme, laissant apparaitre un sourire carnassier sur ma tête de Crinos. Ma transformation à peine achevée, je pose aussitôt une patte griffue sur l'épaule du théurge et attends aussi patiemment que possible qu'il ouvre la voie.

Erlend adopte donc sa forme de naissance, la puissante forme crinos, et sort de son corps un petit miroir qui a bien vécu. Skade pose une patte sur celle du métis, qui une fois tout le monde en contact avec lui se décale dans l'umbra.

Le passage est d'une rapidité surprenante, et pour cause : il est littéralement instantané. Vous avez à peine le temps de sentir une sensation de chaleur qui passe sur votre peau lorsque vous traversez le goulet (qui laisse pourtant une seconde sensation bien plus froide), qui disparaît avant même que vous preniez conscience de l'avoir ressentie.

De l'autre côté, les montagnes sont bien plus imposantes encore que leurs contreparties du Royaume. Leurs ombres menaçantes et majestueuses s'étendent sur le sol d'un blanc éclatant, magnifié par les rayons d'une Luna gibbeuse. Les arbres sont hauts, leurs ramures impressionnantes, une légère menace perceptible de là où vous êtes.

Pour autant ce ne sont pas ces visions théoriquement revigorantes qui attirent votre attention, mais plutôt votre environnement immédiat : il ne reste que trois flaïels déjà engagés face à ce qui semble être un groupe de nuages sombres, qui les harcèle d'éclairs particulièrement violents. Les créatures corrompues semblent tiraillées entre mener un combat qui semble pourtant à leur désavantage, et rester à proximité du coffre qui laisse une empreinte bien visible de ce côté-ci du goulet.

Par ailleurs, la vision relatée par Skade et Svafa se confirme. Ici, vous percevez tous une sorte d'ondulation étrange surplombant l'objet à la corruption évidente. Par instants, il vous semble voir par ces ondulations, des formes qui ne correspondent pas à ce qui devrait se trouver derrière.

Vos sens sont assaillis : les éclairs frappent implacablement, et vos oreilles souffrent d'un tel vacarme. Mais vos yeux, agressés par la lumière ainsi dégagée, sont attirés par ces manifestations étranges au-dessus du coffre.

La rapidité du passage dans la Penumbra me prend presque de cours tant il est rapide, mais déjà mon regard se porte sur le combat qui se déroule devant nous.

De la même manière que notre métis, j'adopte la forme Crinos [1pt de rage] un petit éclair illumine ma pupille dès que je reconnais l'ondulation devant nous. Je lève une énorme patte pour pointer d'une griffe en direction de l'ondulation faisant face aux créatures que j'avais décrites un peu plus tôt comme étant probablement des Flaïels. Je ne prononce qu'un seul mot, comme si c'était une évidence : Sturm !

Sans attendre un quelconque ordre, je m'élance en direction de la première créature corrompue pour accomplir mon devoir envers Gaïa avec l'intention de plonger mes griffes dans son corps.

Essayant de comprendre la situation, je jette des regards en tout sens, essayant difficilement de conserver mon calme tout en tentant d'analyser le contexte. Ce faisant, je guette fréquemment en direction de notre Alpha... pour ne pas rater une consigne, qu'elle soit vocale ou gestuelle.

Un instant déstabilisée par la rapidité du passage, mes yeux sont immédiatement happés par le combat qui se déroule devant moi. Un rictus de joie et de rage mélées apparait sur mon visage tandis que j'observe cet allié que je connais sans l'avoir jamais vu.

Le cri mental de Skade me sort de ma transe et je m'élance sans attendre avec elle, bien décidée à frapper à mon tour la même cible - ou la voisine, si je ne peux atteindre la première sans géner ma soeur d'auspice.

Mon air s'assombrit lorsqu'Erlend attend l'accord de l'alpha après que j'ai mentionné l'urgence de la situation, remplacé un par un certain respect devant la rapidité de notre passage.

Je prends les quelques secondes nécessaires à l'appréciation de la situation et acquiesce, plus pour moi-même qu'autre chose, lorsque Skade prononce le nom Sturm. Je parle d'un ton rapide, galvanisée par l'idée de la bataille à venir.

"Erlend, surveille le coffre et ses fluctuations, empêche d'autres créatures de l'atteindre plutôt que de faire la cruche. Pour Sturm, prudence est de mise."

Je m'élance vers les esprits corrompus, enclume ou marteau, tout dépend du point de vue, mais je suis bien décidée à ne pas laisser toute la gloire à nos Rotagar ! Pendant que je bondis à leurs côtés, j'emprunte ma forme de guerre dans l'objectif de déchirer de mes griffes nos ennemis. Je n'y vais cependant pas en aveugle, et reste aussi attentive que possible aux actions de notre allié de circonstance.

Les sensations du passage de l'Autre Côté tout comme la découverte du panorama dans la Pénumbra disparaissent bien vite de mon esprit en découvrant d'une part le coffre et les ondulations qu'il dégage, et d'autre part ces Flaïels qui se battent déjà pour leur survie face à cet esprit.

Ma soeur m'a pris de vitesse et, déjà sous forme crinos, je ne peux que gronder mon accord quant aux instructions passées à Erlend avant de foncer à mon tour pour confronter les créatures corrompues.

Les esprits maudits du ver sont désormais pris entre deux feux. D'un côté, cet esprit tonnant avec violence résolument décidé à purifier cet endroit par la manière forte. De l'autre, quatre Fenrirs qui, même s'ils n'ont rien conclu avec celui-ci, semblent décider à agir avec une détermination et un objectif identiques. Lui prouvant dans le même temps que les Fenrirs méritent leur place dans l'umbra.

Les combattants de la meute s'élancent alors, décidés à remplir leur devoir sans rien perdre de cette saine compétition qu'ils se livrent entre eux -mais sans travailler de façon coordonnée-, mus par leurs muscles puissants de Crinos.

A l'évidence, les différences de capacités de combat sont minces entre vous. Les deux rotagars paraissent équivalentes lorsqu'il s'agit de se battre, et Svafa semble aussi douée que son frère. Les griffes de Skade s'enfoncent les premières dans le corps spirituel du flaiel qui ne profite pas de charmes offensifs, et dont l'armure impie n'offre qu'une faible protection face à la rage des guerriers de Gaïa. Les griffes de Runa se joignent à l'assaut, et les deux rotagars finissent d'achever la créature dont l'essence se vide bientôt totalement.

De leur côté, Svafa et Bjorn complètent le travail du Sturm qui n'arrête pas ses assauts pour autant. Sans savoir si un éclair viendra les foudroyer ou non, les deux parents se jettent sur leur ennemi respectif -un chacun- avec la détermination sans faille toujours attendue d'eux depuis leur naissance. Eux aussi, à grands coups de griffes puissants et précis, viennent à bout de leur ennemi naturel.

Bientôt, les quatre Garous prennent conscience, écumants, qu'il ne reste qu'eux, face au Sturm dont les mouvements ne laissent aucune indication sur ses intentions. Bjorn a dû se concentrer et bander sa volonté pour ne pas être submergé par la rage, et Erlend, suivant les consignes à la lettre, surveille et protège le coffre de toute approche éventuelle.

[- 1 pt de volonté pour Bjorn pour retenir la frénésie par défaut, si tu t'y opposes, je te redonnerais ton point et nous gèrerons la frénésie avec tes camarades ^^]

Poussant un grognement réfréné suite aux indications mentales de Sváfa, j'ai foncé aux abords du coffre et m'y tiens prêt. Je surveille en tout sens, guettant les mouvements dans tous les environs.

Satisfaite de voir l'essence de l'esprit corrompu se vider sous mes yeux, je regarde d'abord en direction du Sturm, voyant que Bjorn et Svafa ont tous deux terminés avec une créature chacun.

J'adresse un hochement de tête à Runa, même si celle-ci peut lire dans mon regard gonflé d'orgueil un peu de déception de ne pas avoir fait tomber l'ennemi seule comme Bjorn et Svafa. Je retourne rapidement auprès du coffre pour en assurer également la garde.

Quand ma cible disparait j'en cherche aussitôt une nouvelle mais comprends rapidement qu'il n'y a plus. Et si, au contraire de Skade, j'en ressens une joie sauvage qui transparait tant bien que mal sur mon visage de Crinos, je comprends facilement le sentiment de ma soeur d'auspice à qui je rends son hochement de tête. "Une autre fois !"

J'adresse ensuite un signe de tête respectueux envers l'esprit mais laisse nos théurges interagir avec lui. Le coffre étant sous bonne surveillance, je reprends forme lupus et décrit un large cercle autour de l'objet, de l'esprit et de ma meute. Tous mes sens sont aux aguets alors que je guette un éventuel nouveau danger, dans le monde spirituel puis dans le monde physique, qu'il provienne de l'extérieur ou de l'intérieur de ce cercle.

J'exulte et pousse un hurlement triomphant lorsque mon ennemi tombe, me rendant compte lorsque j'observe mes frères et sœur que la bataille est terminée. Le sang encore chaud de notre combat, je m'adresse à l'esprit qui ne nous avait pas attendus pour lutter contre les intrus en son domaine.

Langue des esprits:

Je n'ajoute rien de plus que cette présentation volontairement succincte, gardant mon attention focalisée sur l'esprit belliqueux dont les intentions sont toujours indéterminées pour le moment. Je reste d'ailleurs sur le qui-vive tant que ma curiosité n'est pas satisfaite.

Les flaïels vaincus, je commence une autre lutte, non moins difficile que la première. Ma cage thoracique, encore plus énorme sous ma forme de guerre, se soulève en de profondes respirations alors que je fais appel à toute ma volonté pour ne pas éclater la Rage écumante que le combat précédent a fait bouillir encore davantage.
[j'utilise bel et bien le point de volonté cher MJ]

Ce n'est qu'une fois ma Bête sous contrôle que je peux enfin de nouveau observer ce qui m'entoure. Les restes du combat, mes compagnons qui s'inquiètent du coffre, de l'environnement, et de cet esprit qui s'est fait notre allié de manière plus ou moins volontaire.

Sans intervenir, je laisse à nos théurges la responsabilité d'échanger avec lui, tout de même vigilant car quelque peu incertain quant aux dispositions de Sturm vis-à-vis de nous.

Je continue de surveiller les environs, puis voyant qu'Erlend n'a toujours pas décollé du coffre.

L'excitation de la bataille est toujours présente et l'adrénaline qui m'habite n'est pas complètement dissipée. Aussi, lorsque je me tourne vers le Métis, ma rage se mêle à la voix qui résonne dans vos têtes.

"C'est quand tu veux Erlend ! Ou comme pour les investigations et les combats, il faut te dire que faire lorsque l'on croise un esprit ? Prends exemple sur ce que fait Sváfa !"

Je contiens un grognement rageur, puis répond mentalement, le plus calmement possible :

"J'ai préféré veiller à ce que rien n'approche le coffre pendant que vous combattiez."

Des crépitements marbrent le nuage informe, qui répond à Svafa dans la langue des Esprits, tandis qu'il paraît se mouvoir face à vous en une trajectoire limitée mais erratique. Si seuls ceux qui connaissent ce langage spirituel comprennent réellement ce qu'il dit, il semble à tous qu'un orage est sur le point d'éclater, certains bruits laissant penser au vacarme d'un orange lointain tandis que le Sturm s'exprime.

Langage des Esprits:

Erlend en est certain : aucun esprit, corrompu ou non, ne semble vouloir s'approcher du coffre.

[Face aux frustrations répétées, Erlend gagne un point de rage et doit donc faire un jet de frénésie, qui échoue.]

Je poursuis donc ma surveillance, aux aguets et tendu, restant dans l'attente de l'évolution de la situation ou de consignes de mon Alpha.