Chapitre 1 : Un recommencement

J'écoute les deux histoires de Meira avec beaucoup d'attention, manifestant une fois de plus cette curiosité déjà montrée auparavant. Je me perds dans mes pensées après ces paroles, et c'est la question de Sahia qui me ramène sur terre. Je patiente quelques secondes avant de prendre à mon tour la parole :

"L'entre-deux ... à moins que seule une soit exacte ? Et pourquoi la seconde porte-t-elle ce nom ?"

J'attends de nouveau un moment avant de reprendre sans prendre le temps de respirer entre chaque question :

"Quelle est la différence entre les Solaires, les Lunaires et les Sidéraux ? Qui sont les Cinq Vierges ? Qui étaient plus précisément les Primordiaux ? Ils sont vraiment tous partis ? Quels sont les artefacts utilisés par les Solaires puis les Terrestres ? Pourquoi les Exaltés des Planètes avaient guidé les Sangs-de-Dragon ?"

Mes joues rosissent légèrement en me rendant compte que je viens de poser autant de questions sans interruption, avec une curiosité de petite fille. J'attends les réponses avec une impatience difficilement contrôlée, les pommettes toujours colorées.

Un léger sourire fleurit sur les lèvres de Meira à la question de Sahia. Elle n'a pourtant pas le temps d'y répondre avant que la curiosité de Rinwell ne se manifeste. Le sourire de la blonde s'élargit et elle hoche la tête avant de reprendre la parole.

"En d'autres circonstances et sur un autre sujet, je vous dirais bien que la vérité se trouve souvent à mi-chemin de deux versions contradictoires... mais sur ce point je serai catégorique : l'Histoire prêchée par le Royaume est fausse. Pas intégralement, bien sûr, car certains événements restent immuables, mais l'Ordre Immaculé les a suffisamment déformés et enrobés de mensonges pour s'assurer que nul ne puisse ou ne veuille réellement s'opposer à eux.
Ce qui ne signifie pas que le Soutra soit un reflet exact de la vérité. On ne peut, je crois, résumer des milliers d'années en si peu de mots sans omettre de nombreux détails... or il suffit parfois d'un détail pour changer drastiquement le sens d'un récit.
Vous et vous seuls pourrez vous faire votre propre idée, et trouver votre place dans ce monde."

Meira garde ensuite le silence un instant, les yeux posés sur Rinwell. Elle sourit doucement à la jeune fille, un sourire apaisant et chaleureux, avant que sa voix ne s'élève à nouveau.

"Je ne sais guère plus sur les Primordiaux que ce qui est dit dans le Soutra. Ils existaient dans le Kaos avant même l'apparition de Création, des dieux et des hommes, ils ont été vaincus par les Exaltés, mais j'ignore le pourquoi de ce combat. Et si certains des nôtres ont pu rester cachés hors de la vue du Royaume, pourquoi les Primordiaux ne pourraient rester cachés de notre vue ?

Je peux par contre répondre à vos autres questions... ou du moins certaines d'entre elles.
Les Exaltés Célestes sont nommés ainsi car ils tiennent leurs pouvoirs d'Incarnae Célestes, les plus puissants des dieux. Nous sommes les champions de Soleil Invaincu comme les Lunaires le sont de Lune. Et nous sommes aussi différents d'eux que le soleil l'est de lune.
Les Cinq Vierges... le Soutra les présente comme des planètes et je n'ai aucun moyen aujourd'hui de le confirmer ou de l'infirmer : les Sidéraux semblent avoir effacé toute trace physique de leur existence, tout comme leurs secrets... et avec eux les raisons de leurs actions de l'époque. Pourquoi disparaitre après avoir réussi à mener leur projet ?"

La jeune femme retient un soupir, visiblement peu ravie d'avoir si peu à vous apprendre. Elle se reprend rapidement et opine du chef -plus à sa propre attention qu'à la votre :

"Il reste encore beaucoup de secrets enfouis, qu'une vie entière ne suffirait à découvrir - fut elle aussi longue que celle d'un Exalté Solaire. Des années durant je me suis focalisée sur ce que je pouvais faire à l'instant présent, faute de savoir vraiment pourquoi ce don m'avait été donné. Puis Soleil Invaincu m'a parlé, les nôtres ont commencé à revenir... peut-être l'un d'entre eux, l'un d'entre vous, finira-t-il par lever enfin le voile sur ces incertitudes ?"

- Les vainqueurs écrivent l'histoire, c'est assez connu. dis-je pensivement à la suite des propos de Meira. Que la version prônée par le Royaume soit fausse et déformée pour servir la propagande n'est pas une surprise pour le Lookshyan que je suis.

Quant aux autres Exaltés Célestes, comment s'en sont-ils sortis durant toute cette période ? En connaissez-vous qui seraient encore, disons, actifs ?

J'écoute avec attention les propos de Meira, et mon visage s'illumine, montrant que j'obtiens la réponse à une question non formulée. Après les propos de Mékios je prend à mon tour la parole, évoquant mes pensées à voix haute.

Je me demande ce qui a pu pousser un Céleste à se retourner contre ses confrères... Peut-être serons-nous amenés à le découvrir. J'adresse un clin d'œil, qui semble être d'une curiosité débordante, certaine qu'elle n'aura pas manqué ma remarque.

Je n'ajoute rien, et écoute avec la même attention que depuis le début de son intervention la réponse de Meira.

J'absorbe le flot d'informations que Meira continue de nous approvisionner. Tout au long des échanges, je fais mine de m'intéresser au buffet plutôt qu'alimenter moi-même les échanges. Chaque question qui sont posées me semblent pertinentes, et la réponse qui est fournie déclenche d'autres questions.

La première remarque de Mékios me fait sourire alors que je joue avec les herbes infusant mon thé. Remarque qui me perturbe durant mon air faussement désintéressé des sujets amenés par les jeunes femmes.

"L'on dit aussi que les paroles s'envolent, et les écrits restent." dis-je avec un petit rire, je me tourne vers Meira "A ce propos, avons-nous une trace des connaissances amassées par les générations passées des Exaltés pour assouvir la soif de savoir des générations présentes et futures ?"

J'accueille la réponse de Meira avec un léger sourire poli, hochant la tête ostensiblement. Plusieurs questions lui ayant été posées, je n'en rajoute pas davantage et me contente d'attendre la nouvelle vague de réponses. J'observe notre hôte et, par instants, certains détails de la pièce ou encore les attitudes et expressions de mes compagnons.

J'écoute les nouvelles réponses apportées par Meira avec une curiosité et une envie d'apprendre non-dissimulé, après quoi je reporte le principal de mon attention sur le contenu de mon assiette tout en prêtant toutefois une oreille intéressée aux échanges. La remarque de la danseuse me fait relever la tête, l'entendant exprimer la même interrogation que celle que j'allais énoncer. Je rebaisse la tête après, mais semble attendre la suite du dialogue.

Meira manque presque le clin d'oeil de Sheherazade, son regard s'étant attardé sur Mekios plus longuement qu'à l'accoutumée. Elle opine toutefois du chef en réponse à la danseuse, avant d'écouter son frère avec attention.

C'est à ce dernier qu'elle répond d'abord, d'un ton peiné : "Il reste à la fois beaucoup et si peu du Premier Âge. Il est fort probable que certaines connaissances, certains écrits aient disparu lors de la révolte des Exaltés Terrestres. Détruits, ou dérobés peut-être.
Mais les notres n'ont certainement pas rendu les armes facilement, et je n'ai aucun doute sur le fait que certains ont protégé ce qui pouvait l'être, dans des refuges, ou les tombes de leurs compagnons.

Dans les vôtres peut-être", ajoute-t-elle avec un léger sourire, guettant vos réactions durant quelques secondes.

"Création est vaste, et je n'en ai moi même explorée qu'une faible part. Le peu que j'ai pu réunir se trouve aujourd'hui dans ma bibliothèque. C'est bien peu en comparaison de ce qui était, mais n'hésitez pas à en profiter si vous le souhaitez."

La blonde se tourne ensuite vers Mekios :

"J'ignore ce qu'il est advenu de la plupart des Exaltés Célestes... mais j'ai effectivement la chance d'en avoir retrouvé certains. Peut-être aurez vous, vous aussi, l'occasion de les rencontrer.

Pour ce qui est de la 'propagande' de l'Ordre Immaculé, j'ai bien peur qu'elle ne soit antérieure à la création du Royaume. Si les Lookshyans considèrent l'Impératrice comme une usurpatrice, c'est l'entièreté du règne des Terrestres -Shogounat et Royaume- que je nommerai usurpation."

J'arque un sourcil à l'évocation de nos propres tombes, avant de prendre conscience qu'en définitive, le pluriel doit s'appliquer à chacun d'entre nous individuellement au regard du nombre de vies que nous avons déjà probablement vécues. Ce petit laps de temps de réflexion m'amène à l'évocation de la bibliothèque, pour la consultation de laquelle j'hoche imperceptiblement la tête : tant qu'à passer du temps ici, autant en profiter autant que possible.

La remarque sur la réelle usurpation ne semble pas me perturber -ou je dissimule avec maestria ce que j'en pense-. Je me contente d'attendre la suite, jetant un regard régulier vers congénères.

Levant la tête de mon assiette, je deviens assez perplexe en entendant Meira évoquer des tombes qui seraient possiblement les nôtres ... qui disparaît toutefois rapidement dès que je comprends pourquoi. Je semble enjouée à l'évocation de la bibliothèque de notre hôte, enthousiaste à la perspective de nouvelles connaissances disponibles. J'ai en revanche un air méprisant à l'évocation de l'Ordre Immaculé ... qui devient modérément satisfait alors que la blonde nomme l'Impératrice usurpatrice.

La remarque sur nos tombes me fait également hausser les sourcils, plus de surprise qu'autre chose. Quant à la dernière mention, je me contente de répondre avec un petit sourire.

"Pour notre peuple, c'est une évidence qui a été bien masquée au fil des siècles. Je me demande bien ce qui a pu pousser les enfants des cinq vierges à cette extrémité… Par leurs actions, ils ont amené tant de souffrance..."

Je suis pense, mais hausse les épaules avec grâce. C'est une question à laquelle nous n'avons, et n'auront peut-être jamais la réponse.

Meira observe longuement Sheherazade suite à sa dernière réplique, avant de hocher la tête et de répondre à mi-voix : "C'est une question qu'il faudra leur poser..."

Puis son regard balaie l'ensemble de ses invités, s'assurant qu'ils ont bien tous fini de manger ou de boire avant de sourire à nouveau, plus largement.

"Bien, si vous n'avez plus d'autres questions, je pense qu'une petite visite des lieux s'impose..."

Elle se lève ensuite et attend que chacun en ait fait de même pour se diriger vers la porte qu'elle franchit sans attendre.
Meira vous fait donc faire le tour de la demeure aux nombreuses pièces, passant d'abord rapidement sur son propre espace personnel puis sur les pièces dédiés aux invités de passage (vos propres chambres, salon, salle de bal), avant de vous présenter la bibliothèque et le bureau attenant.
"Je reçois peu", prévient-elle alors, "et le ferais probablement moins encore tant que vous résiderez ici. Mais si les circonstances m'y obligent, je ne manquerai pas de vous prévenir : il ne s'agirait pas que n'importe découvre votre existence prématurément. Je me porte par contre garante de l'ensemble de mon personnel, nul parmi eux ne dévoilera votre secret... ou le mien."

Puis elle vous indique rapidement ensuite la position des cuisines au cas où l'un d'entre vous ne saurait attendre l'heure du prochain repas, avant d'emprunter des couloirs que vous reconnaissez sans mal et qui mènent vers la pièce ronde que vous avez pu visiter en profondeur -et en douleur- la veille.
La blonde laisse entrer ceux d'entre vous qui le souhaitent, leur permettant ainsi de voir que tables et chaises ont disparu, ne laissant les râteliers pour seul mobilier de ce qui apparait désormais de façon claire comme une salle d'armes. Elle reste pour sa part dans le couloir, paumes en avant et un léger sourire rassurant aux lèvres :

"N'ayez crainte, je n'ai pas l'intention de répéter la journée d'hier mais seulement vous convaincre de tester vos nouvelles capacités dans cette pièce principalement. Elle a été spécialement conçue pour recevoir et contenir les... excès que de telles tentatives ou entrainement pourraient engendrer."

Elle vous mène ensuite vers l'extérieur du bâtiment, où vous découvrez sans attendre un jardin parfaitement entretenu, et largement abrité derrière un mur d'enceinte assez haut pour garantir une intimité parfaite vis à vis du reste de la cité. Les arbres et arbustes sont disposés de façon à habiller autant qu'à cacher une zone de toute évidence dévolue à l'archerie, ainsi qu'une large écurie dans la quelle vos montures ont visiblement été choyées.

Meira vous laisse ensuite vous habituer aux lieux, restant pour sa part aussi discrète que disponible.

Et par un beau matin, accompagnée par Rinwell, je cherche jusqu'à trouver Mékios, probablement en train de s'entraîner. Une fois que je l'aperçois, commençant par esquisser un sourire je me dirige vers lui, la jeune crépuscule dans mon sillon.

Une fois à sa hauteur, après un regard pour Rinwell, je m'adresse directement au Guerrier.

"Bonjour Mékios..."

Je désigne Rinwell d'un geste de la main, poursuivant :

"Rinwell est venue me voir pour améliorer ses compétences martiales, essentiellement à mains nues et avec des armes de mêlées. Bien que j'assume d'avoir incité à la seconde partie, pour des raisons évidentes.

Il me semble incontestable que si quelqu'un maîtrise ces sujets ici, c'est toi..."

Les révélations récentes de Meira sur notre existence ont développé une certaine crainte du danger extérieur pour ma part, sachant pertinemment que je ne fais pas partie des premiers de la classe en termes de self-défense, je cherche à rester non loin de mes compagnons de cercle lorsque je me déplace. Et ce, même au sein de l'enceinte de la résidence de notre hôte.

Suivant de loin l'entraînement de Mékios comme pour imprimer mentalement chacun de ses mouvements, je note l'arrivée de Sahia et Rinwell.

Je me rapproche du petit groupe pour en savoir plus.

Interrompu dans mes exercices matinaux, j'adresse un petit sourire aux deux demoiselles qui viennent à ma rencontre. Le torse brillant de sueur, les veines saillantes sous les efforts répétés consentis depuis le début de mes exercices, le souffle rapide, je me contente tout d'abord d'écouter l'entrée en matière de ma charmante compatriote en la regardant avec une certaine intensité, avant de tourner mon attention sur Rinwell qui l'accompagne, l'air plutôt curieux.

- Si tu cherches à apprendre le maniement des armes blanches, tu auras effectivement du mal à trouver plus fine lame que moi. dis-je en réaction aux propos de Sahia, sans lâcher des yeux la jeune femme. J'ai formé un nombre incalculable de soldats durant ces longues années de casernement, et ma foi, ce qui a fonctionné pour eux devrait fonctionner pour toi, si tu y mets la volonté suffisante. D'où partons-nous ? Tu as quelques bases ou rien du tout ?

J'observe du coin de l'oeil Qasim, des fois que la petite formation l'intéresserait.

Remarquant le petit attroupement, je finis par rejoindre le reste de la troupe d'un pas joyeux. Je m'approche d'un pas léger et dansant de mon frère, lui donnant un petit coup de hanches accompagné d'un sourire amusé et surtout encourageant.

En ce qui me concerne, je ne fais pas mine de rejoindre la leçon, et chercher un endroit où je pourrais être spectatrice de la leçon.

J'observe en silence Qasim lorsqu'il se rapproche, puis je reporte mon attention sur Mékios alors qu'il prend la parole. Jetant un coup d'œil à Sheherazade quand elle nous rejoints à son tour, j'ai un air quelque peu embêté en répondant à l'Aube :

"Absolument pas ... comme l'avait dit Sahia, j'ai moins de 18 ans, donc je n'ai pas intégré la Légion, et je ne suis pas Citoyenne. Alors nous partons de rien du tout ..."

Avisant l'arrivée de Qasim, je lui adresse un signe de tête en guise de salut à présent que Mékios prend l'échange en main avec Rinwell. Je me décale juste ce qu'il faut pour leur laisser le champ libre, et néanmoins me rendre disponible si toutefois le redoutable guerrier désire m'inclure dans leurs exercices.

Shéhérazade ne tardant pas à arriver à son tour, je lui adresse également un salut de la tête, léger sourire sérieux aux lèvres.

- De rien du tout, hein... Bien bien bien...
Ma phrase a peine terminée, je me dirige d'un pas décidé vers un des râteliers d'armes disposé sur le pourtour de la pièce, examinant du regard les armes exposées. J'en retire une première arme courte, que je soupèse, puis la range pour en sortir une seconde, plus fine que la première, que je soupèse à son tour, puis avec laquelle j'effectue quelques moulinets dans le vide.
- Pas trop mal, nous allons essayer avec celle-ci.
Je reviens vers le petit groupe, mon attention focalisée sur Rinwell. Arrivé au niveau de la jeune femme, je lui tend l'arme.
- Prends-la, et fais quelques mouvements, juste pour voir si tu peux la manier facilement. Si c'est bon nous pourrons ensuite démarrer quelques exercices de base sur la manière de la tenir, mettre en place une garde, comment porter un coup.

Je réponds au salut de Sahia par un signe de tête en retour, mais mon regard est déjà porté sur les mouvements de Mékios donnant ses premières instructions.

Respectant toujours une distance de sécurité par rapport à Mékios et Rinwell, je m'approche du râtelier pour soupeser quelques lames à la manière de l'instructeur, d'un œil aguerri, j'évalue le poids de l'arme choisie pour Rinwell. Bien moins efficace que de tenir ladite arme en main, nous en conviendrons.

J'attrape une arme qui devrait plus ou moins avoir le même poids que celle de Rinwell, et je m'applique à répéter les mouvements.

J'observe en silence Mékios choisir une arme, puis la prends par le manche quand il me la tend. Je la tiens comme faisait l'Aube, et m'applique à reproduire les mêmes mouvements que lui, quoique de manière beaucoup plus gauche. Je fixe le Lookshyan sans vraiment savoir quels autres mouvements je pourrais bien effectuer, mal à l'aise avec cette arme que j'ai dans la main.

Je jauge les quelques mouvements effectués par la jeune femme, hochant la tête en silence.
- Bien, celle-ci fera l'affaire.
Je me déplace à nouveau vers le râtelier, choisis une arme du même style, avec une garde plus large, et un équilibrage certainement différent. Je m'approche de Qasim et la lui tends.
- Essaie plutôt celle-ci. Et mets-toi à côté de Rinwell, ce sera plus simple.
J'attends qu'il s'exécute et une fois mes deux élèves face à moi, je démarre :
- Le combat c'est un ensemble de choses : de la vision pour voir ce que votre adversaire fait, de l'instinct et de l'anticipation qui vient souvent avec l'expérience du combat, du placement et du mouvement, et enfin, le maniement de la lame elle-même, ou de vos armes naturelles, selon votre style.
On va commencer par le plus basique : trouver votre garde. En quelque sorte votre position de base, qui doit vous permettre de passer de la défense à l'attaque, en limitant au maximum les ouvertures.
Regardez la position.

Je démarre ainsi une série d'exercices pour essayer d'inculquer les rudiments de la garde à mes élèves. Je crois en l'effort et en la répétition. C'est par la volonté et la douleur qu'on apprend bien. En cela inutile de se plaindre au moindre début de crampe, cela ne fera qu'accroître ma détermination à poursuivre les exercices plus longtemps.

Un léger sourire fleurissant sur mes lèvres tandis que Mékios prend les choses en main, je me décale pour laisser de l'espace tant aux élèves qu'à leur mentor. Je me tiens tranquillement à distance, assez proche cependant pour pouvoir contribuer au cours si Mékios l'estime utile.

D'ailleurs, anticipant déjà cette possibilité, je note les mouvements des élèves sans commenter, observe ceux de Mékios sans émettre davantage de son, disponible s'il fait appel à moi mais discrètement à l'écart sinon.

J'ai l'air quelque peu soulagée en entendant Mékios confirmer le choix de l'arme, et observe Qasim lorsque l'Aube lui adresse la parole, me souvenant de sa présence. J'écoute tout ce que dit notre "professeur" en élève studieuse et m'applique à chacun des exercices qu'il nous donne.
Je sais très bien que protester est inutile et ne ferait que gêner, alors je garde mes plaintes pour moi même quand je commence à ressentir la fatigue ou les crampes, continuant à suivre les instructions du Lookshyan.

Dès lors que Mékios s'approche de moi en me tendant une nouvelle lame, je sais qu'il n'est plus question de reculer, et que je m'engage sur un terrain que je souhaite éviter le plus longtemps possible.

Les récentes nouvelles sur notre condition est la seule raison pour laquelle je maintiens l'once de fierté qu'il me reste pour accepter cette lame, l'essayant par quelques mouvements dans le vide. Une chose est certaine, la sensation est bien différente, moins désagréable.

J'écoute chacune des instructions données par Mékios avec une extrême attention, suivant les mouvements pour les reproduire au mieux. Les désagréments de cet exercice ne se font pas attendre bien longtemps et dès que je ressens le premier signe de ces douleurs, je le fais savoir à l'instructeur ainsi que notre entourage en grommelant tout en continuant les gestes.

"Si notre corps nous renvoie ces signaux de détresse, c'est qu'il doit y en avoir une raison. Qui a bien pu juger qu'il serait bon de se torturer de la sorte !"

Voyant que ces paroles ne font rien de plus que d'accentuer la ferveur de notre instructeur. Je me mure dans le silence pour le reste de l'exercice.