[Chapitre 1.15] — L'Antre Nosferatu

Janvier va plus loin que son partenaire d’une nuit: il barre carrément le passage à l’ancien moine, en mettant son épée en travers, comme une barrière. De prime abord, le geste peut paraitre maladroit. Mais le prévôt a apparemment une bonne raison de s’être laissé emporter.


— Tu as raison Montamat. Voici quelques éléments que je trouve aussi un peu trop soudains à mon goût. Où diantre les avoir trouver… si ce n’est dans ma tête ? — Tu n’aurais pas osé violer mon âme, petit homme ? demande celui qui mesure une tête de plus que lui.

Mais de quoi parlez vous tous les deux! répond furibard Amélius Vous êtes aveugle, vous n'écoutez rien ou vous n'avez juste pas assez de mémoire!?! Depuis plusieurs nuits je cherche un femme de petite taille, les yeux rouges, qui s'est introduite dans le refuge nosferatu! Je pensais que c'était potentiellement quelqu'un qui nous était connue au départ, j'ai même pensé à Porunn. Mais non, la voila!!! Qui d'autre? Qui d'autre Ugine aurait elle dessiné?! C'est sûr, c'est elle! Il nous suffit de retrouver Ugine et nous saurons bien ce qu'elle a fait et la réalité de sa taille si cela vous importe! Mais pour moi l'affaire est entendue.

Il se tourne vers Janvier.

Cessez de me faire perdre mon temps avec vos soupçons incessants. Je n'ai pas besoin de votre tête, ma jugeotte me suffit. Si je suis l'ennemi du prince, vous n'avez qu'à frapper!

Amélius toujours aussi fiévreux pousse l'épée et reprend sa marche, laissant tout loisir à l'infant du prince d'agir.

Je m'adresse à Janvier alors que je rejoins Amélius en quelques enjambées:

-Vous confirmez donc la petite taille de cette "femme"?

Une fois juste derrière le cappadocien, j'ajoute:

-Nous avons convenu de ne pas nous déplacer seuls; je vous accompagne.

Je soupire :

- Messieurs, tout cela me semble très excessif et nous fait perdre du temps.

Amelius, soyons prudents. Cette femme représente une nouvelle piste intéressante mais nous n'avons aucune certitude.

Quant à vous Janvier, tirer l'épée ainsi, vraiment ?

Cependant, pourriez-vous préciser quand vous avez mis cette femme en geôle ?

L'air de rien, je me retrouve entre les deux hommes, mon épée toujours au clair et une torche dans la main gauche...

Amélius roule des yeux vers Janvier

J'ai chaud au cul comme vous dites, car je dois reconsulter les notes de mon sire, réévaluer ce que je sais à la lumière de ce que nous savons maintenant et que j'ai peut être moyen de retrouver plus vite Ugine. Je ne comprend pas ce que vous dites: "cette information n'est pas sorti de nulle part". Avant même que vous ne consultiez le portrait, je vous ai dit que je cherchais une créature qui a été dans le refuge nosfératu, le portrait l'atteste, aux yeux rouges et qui soit potentiellement une femme, le portrait l'atteste. Maintenant vous me dites que c'est une caïnite! 1+1 = 2, c'est la femme que je cherche et je me cite moi même puisque vous ne semblez pas avoir suffisamment de mémoire!

"Vidal, il faut absolument que vous voyez le portrait que nous avons trouvé dans la chambre d'Ugine. Le portrait d'une femme. Elle ne nous a rien évoqué mais ce sera peut être votre cas, ou celui de janvier. Rappelez vous que dans mes visions apparait souvent une personne de petite taille aux yeux rouges, de plus parmi mes hypothèses, une femme est au centre de notre affaire. Ce portrait, c'est probablement celui de l'agresseur que nous recherchons"

Je n'ai pas besoin de connaitre parfaitement sa taille pour savoir que c'est elle, enfin!

Aussi, je vais vous répondre quant à mon sire! Et faites bien attention à ce que vous dites. Tout le monde cherche l'artefact. Mon sire n'en est qu'une pièce. L'orage qui s'abat sur le Puy couvait. Depuis sa disparition, je n'ai cessé de vouloir résoudre cette affaire et j'en ai fait état aussi vite que possible au Prince. J'ai fourni systématiquement moultes détails et souvent essayé de protéger les intérêts du Puy quand je les estimais menacé. Chaque fois, on me répond par le mépris ou par la méfiance, on ne m'écoute pas et pourtant plusieurs fois, j'ai eu raison. Maintenant, je vous annonce, MOI, OUI MOI, CE QUE CHERCHONS!!! ET VOUS ME DEMANDEZ D'OU JE SORS CES INFORMATIONS!?!? Mais.... mais..... est ce que quelqu'un m'écoute quand je parle?

Tandis que je parle, ma posture n'est pas menaçante: mon épée pointe vers le sol, mais mon regard est tourné dans la direction de Janvier:

-Vos remarques sont très pertinentes, frère Amelius, mais n'ôtent pas mes soupçons quant à Ugine. Elle a déjà démontré ses facultés transformatrices aussi cette forme pourrait-elle simplement être un autre de ses masques... Quant aux yeux rouges, tout le monde ici sait que cela fait partie des premiers dons des changeformes vampires et que nous ne connaissons rien de ses pouvoirs!

Mais je vous accorde qu'il pourrait aussi s'agir d'un nouvel antagoniste...

Votre volonté de réétudier vos notes à la lumière de cette nouvelle donne me semble également sensée. Pour autant, encore faudrait-il que les rats vous en laisse l'occasion...

Maëlle, es-tu en mesure de nous dire pourquoi ces animaux nous harcèlent sans cesse malgré l'apparente absence de tout maître pour les diriger et s'il te serait possible de les apaiser le temps de notre passage?

Si j'ai suivi tous les échanges d'une oreille attentive, je me suis bien gardée d'intervenir jusque là, néanmoins, il me paraît désormais opportun de prendre la parole.

Je ne peux qu'avaliser ce que vient de dire Amelius. Depuis que nous avons visité ce refuge, il a évoqué ses recherches d'un être aux yeux rouge de petite taille. Et si ça n'oblitère pas forcément l'hypothèse qu'elle et Ugine soit la même personne, au moins en savons-nous un peu plus.
il n'y a aucun mystère là-dedans Janvier, ce sont ses pouvoirs qui l'ont mis sur cette piste, pas une quelconque fouille de vos pensées.

Cela étant, si vous en savez plus sur cette personne - son nom peut-être, pour commencer - ou sur ce qu'elle a pu bien faire lorsqu'elle a été appréhendée, cela pourrait nous aider à déterminer sa place dans cette affaire.

J'apporte de nouveaux éléments dans le débat :

- Vidal, j'ai échangé avec ces rats pour obtenir des informations, notre quiétude était pour moi un élément moins important - même si mon amie Vive a payé cher cette hostilité des rongeurs. Toujours est-il qu'ils ne reconnaissent pas Ugine, du moins sous cette appellation, nos noms ne parlent aux animaux. Mais les rats ont vu la nuit passée deux autres caïnites qui étaient dans les tunnels. Ils seraient partis en direction de la montagne...

Puis je reprends mes échanges avec les rats...

Le discours du pilleur de tombes laisse de marbre Janvier, peu convaincu. Mais faute de preuve, il n’insiste pas.

Entre temps, Maëlle est intervenue auprès des rats. La vermine semble tenir compte de sa parole et se disperse, laissant le champ libre au Cappadocien si ce dernier continue d’avoir le désir de quitter le domaine.

L’autre information glanée n’est pas non plus sans intérêt: la veille, il y aurait donc eu deux autres caïnites en liberté dans ces tunnels. Le fait qu’ils aient quittés l’atrium dans la même direction que s'apprête à prendre l'ancien moine continue de contrarier le prévôt.

— Et où donc sont sensées se trouver ses fameuses notes ? Les Cappadocien auraient un refuge non loin d'ici ? Je refuse que nous laissions Amelius y aller seul.

J'interroge encore Maëlle:

-Les rongeurs ne peuvent-ils nous en dire plus? La taille ou le sexe des deux créatures, par exemple? Il est étrange que nous ne les ayons pas croisé: Janvier et moi nous étions rendus directement jusqu'au fond du repaire avant de le remonter lentement... Par contre, il est probable que ce soit ces individus qui ont récupéré ce qui reposait dans la cache au serpent...

L'intervention de Janvier me force à revenir à lui:

-Oui, c'est ce que j'ai dit: je l'accompagne tandis que vous finissez d'investiguer les lieux. Nous nous retrouverons ici dans une heure pour prendre la direction de la ville...

Amélius visiblement pressé recommence à avancer, libéré des entraves des rats

Disons deux heures, cela me parait plus crédibles. Nos pouvons nous retrouver soit à la petite sirène, soit chez le sieur Lental. Aux deux endroits, nous pourrons avoir des informations. Maëlle, méfiez vous de la veille Odile, elle fera tout pour se débarrasser de vous. Vos protégées cachent quelque chose, et je subodore qu'un caïnite se soit nourri sur l'une d'elles. Quant à Lental, il est au service du prince, il nous donnera un vrai aperçu de la situation dans la cité. Il a de plus dépêché un courrier de ma part qui s'il est revenu pourra peut être nous informer sur la présence des templiers, en tout cas, sur le climat religieux dans la cité.

J'exprime mon avis :

- Je ne suis pas d'accord pour attendre deux heures avant d'aller trouver nos contacts en ville. Le temps presse et la plupart des humains dorment pendant la nuit. 


Oui Amélius, Odile est hostile et, c'est évident, les prostituées servent régulièrement de repas à des vampires. Mais je dois abandonner le terrain pour autant ? Les informations ne viendront pas à nous. Il nous faut aller les chercher. Je compte aller de ce pas explorer le refuge de Manau puis regagner la ville... 

Je souris à Maëlle:

-...C'est pourquoi nous te retrouverons à La Petite Sirène ou chez Lental...

Avant d'emboîter le pas à Amélius, j'ajoute:

-Et concernant ma question précédente, les rongeurs ont-ils d'autres informations concernant ces visiteurs à partager?

La Petite « Sirène » ???… De mieux en mieux.
Quant à « LenTal », j’ai déjà fait la remarque plusieurs fois, il s’agit de « LenVal ».

Janvier vous écoute faire votre popote d’un oeil torve. Il voit le groupe s’écarteler, les uns se rendant on ne sait où compulser on ne sait quelles soi-disant notes, les autres (car il imagine mal Alix le préférer à Maëlle) retournant dans la galerie sud. Puis il les entend décider de la suite du programme comme au bon vieux temps, quand ils étaient encore quatre à composer leur coterie. « La Petite Ephémère », « Lenval »: des destinations qu’il brûle lui aussi de connaître, mais dont il se sent tenu à l’écart. Vexé, il décide lui aussi de n’en faire qu’à sa tête, et finalement, décide lui aussi de bouleverser ses plans:

— Maëlle, je te garantie qu’ils seront là dans une heure: je vais avec eux !

Je fais contre mauvaise fortune bon coeur:

-Au moins, si nous tombons sur les deux autres caïnites, nous aurons assez d'épées pour nous défendre le cas échéant...

Amélius s'arrête à l'intervention de Janvier

Non! Puisque c'est ainsi, je refuse. Tant pis, moi je jette l'éponge. Allons en ville, il n'y aura pas de retard, il n'y aura pas de délais. Désormais, considérez que je n'interviendrai plus dans cette affaire, je me contenterai de suivre. Et si le Prince est insatisfait de mes services, il pourra faire ce qu'il veut de moi ou je quitterai la région.

D'une voix teintée d'une nuance d'autorité mais également de complicité car j'éprouve souvent les mêmes sentiments qu'Amélius, je lui indique :



- Amélius, nous sommes proches de la fin de cette enquête. Je sais que le manque de confiance de Janvier est comme un caillou dans notre chaussure. C'est irritant et gênant. Mais nous avons choisi librement de ployer le genou devant un prince très jeune, dans un contexte particulièrement compliqué. On peut dès lors comprendre qu'il soit tenté d'exercer un contrôle un peu excessif.


Sans votre aide active, il nous sera difficile de dénouer cet écheveau et cela nous prendra un temps infini. Je vous demande, je vous prie, de prendre encore un peu sur vous pour notre bénéfice à tous.

J'ai un sourire un peu crispé à l'adresse d'Amélius:

-Allons, seriez-vous sujet à des sautes d'humeurs intempestives? Si vous pensez que vos notes vous permettraient de nous faire avancer sur cette affaire, cela vaudrait la peine de s'y pencher, non? Et si vous souhaitez quitter la région par la suite, vous serez le bienvenu dans ma compagnie!

...Et j'en reviens aux deux caïnites qui se sont baladés ici la nuit passée: qui pourrait bien venir de ce côté-ci -depuis le cimetière s'entend, et parcourir ce tapis de rats sans souci? Qui pourrait se promener dans ces couloirs, sans se faire repérer par vous ou par nous? Ces deux-là m'intriguent fort et peut-être qu'en remontant dans la même direction qu'eux, nous obtiendrons quelque indice?

Un peu échaudée par le fait que Janvier ne réponde pas à mes questions, d'autant que lui-même exige des réponses, je ne m'investis pas dans la querelle naissante et me contente de dire.

Il s'agit probablement de nosferatus, d'où leur aisance à ne point se faire voir. On peut même supputer qu'il y avait la femme au yeux rouge et Ugine.

Pour le reste, je ne m'étends guère, étant visiblement entendu que j'accompagne Maëlle...

Rompu aux simagrées de Janvier, je reste amène:

-Oui, Dame Alix, j'ai les mêmes suppositions... Mais dans ce cas, et si la femme aux yeux rouges était bien la tueuse, qu'est-ce que cela impliquerait pour notre "Ugine"?

La question n'est pas là. Le manque de confiance est réciproque, c'est un fait. Je me rendrais à mon refuge seul ou accompagné de Vidal. Sinon, je n'irai pas et nous continuerons à perdre du temps. Ce n'est pas une saute d'humeur, c'est une prise de position: les notes de mon sire sont tout ce qu'il en reste probablement, cela mérite un minimum de respect.

Amélius hésite un instant, puis il se tourne vers le venture

Janvier, il est évident que nos relations sont depuis le début parti sur un mauvais pied. Vous m'insupportez et je vous insupporte, mais j'ai tout à fait conscience que votre position n'est guère enviable et que vous évoluez dans un environnement hostile qui ne prête pas à un climat de confiance. C'est bien sur ce sujet que nous pouvons nous comprendre, puisque je ressent exactement la même chose. Et bien voila, malgré tout cela, je vous demande de me faire confiance. C'est tout. Je n'ai rien à ajouter.

Je ne tiens pas compte de l'échange entre le moine et le "prévôt", mais poursuis le fil de ma pensée, mentionnant les idées comme elles viennent:

-Et si... Nous faisions fausse route depuis le début? Et si l'agresseur n'était pas seul, mais deux, ou même une coterie?

Et s'ils usaient de la légende pour atteindre leur propre but, je ne sais pas moi, une vengeance par exemple?

En suivant ce fil, rien ne m'interdit d'envisager même une alliance avec un ou une lycanthrope - cela expliquerait aussi bien la force phénoménale, non?

De voler les têtes des cadavres éviterait une trop rapide identification, et donc, difficile de savoir qui a réellement survécu...